Pendant qu’Anton Corbijn publie Famouz, Claude Gassian titre Anonymous. Ce nom donné à son exposition à la Govinda Gallery de Washington illustre on ne peut mieux un personnage singulier, un photographe de musique qui ne s’est jamais contenté de capter l’extravagance des artistes. Depuis le tourbillon musical de la fin des années 60, Claude Gassian traque les états d’âme de ses guitar heros et autres chanteurs. De ses photographies de scène très énergiques à ses portraits silencieux, cette propension à saisir ce qui se cache sous la panoplie du musicien – parfois difficile à quitter pour certains – s’affirme au fil du temps, au rythme des mouvements musicaux comme il l’analyse lui même : » c’est avec la vague punk et cette déferlante de looks et de personnages que j’ai eu envie de rencontrer les artistes directement, d’être face à face avec eux, et de composer mes photographies. » Gassian poursuit sa course. Son point de vue évolue, son cadre, son graphisme aussi. De la passion, il est passé à la réflexion, des décibels endiablés aux accords en sourdine. Tant est si bien qu’il finit par ouvrir son regard au-delà de la musique. D’abord aux passants, puis peu à peu aux lieux, vides, aux traces. l’homme n’est pas loin, mais le silence envahit. Réconfortant et pesant à la fois. Comme un spéléologue, le photographe descend dans les abysses de l’être pour en explorer la constitution ou en démontrer l’inextricable complexité. C’est peut-être cet indéfinissable souffle que l’on sent depuis ses débuts ?
Si vous ne connaissez pas son livre (épuisé) dans lequel il croise son incroyable travail sur la musique et ses travaux personnels paru aux éditions de La Martinière, rendez-vous à Arles jusqu’au 19 septembre où les Rencontres de la photographie l’ont invité pour une magnifique rétrospective.

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