Propriétaire de la marque ROBERT LE HÉROS, Laurent Gélis vit depuis cinq ans à Rio de Janeiro au Brésil où il reçoit des voyageurs du monde entier dans son hôtel, la CASA AMARELO, entièrement décorée aux couleurs de la marque. Sa rencontre l’hiver dernier avec la MAISON THÉVENON, éditeur français de tissus, lui a confirmé que l’envie de créer de nouveaux motifs pour une nouvelle collection était intacte. Vincent Thévenon lui a donc proposé de réfléchir à une collection différente où l’on associerait les fondamentaux de la marque à une nouvelle modernité. C’est un challenge qu’il est donc enthousiaste de relever avec sa collaboratrice artistique de longue date, Martine Boulard. De nouveaux graphismes associés à des couleurs sensibles qui apportent de l’énergie et de la joie composeront cette nouvelle collection de 21 tissus que le public pourra découvrir dès la rentrée 2020. Une nouvelle aventure qu’il peaufine en cette période de quarantaine et pour laquelle nous lui souhaitons beaucoup de succès.
Instagram : @laurentgelis @robertleheros
LCV Magazine : Comment allez-vous Laurent ?
Laurent Gélis : Je vais très bien, c’est une pause sereine et à la fois très active. Je prends le temps de la réflexion pour d’éventuels projets futurs et je m’agite beaucoup pour accomplir des choses longtemps restées en suspens. C’est plutôt satisfaisant jusque là !
LCV Magazine : Où êtes vous confiné ?
Laurent Gélis : Je suis à Paris, dans mon appartement de la rue de Turenne où je n’ai jamais passé autant de temps. Il est lumineux, le soleil est là tous les jours comme un ami fidèle, c’est le meilleur compagnon pour moi qui vit une grande partie de l’année au Brésil.
LCV Magazine : Comment vivez-vous votre confinement ?
Laurent Gélis : Au départ, les premiers jours, comme un choc, puis le naturel est revenu au galop. Je me suis retrouvé assez vite débordé par les activités du quotidien (nettoyage, peinture, cuisine, actualités…). Les semaines sont donc passées très vite et c’est une chance. J’ai été aussi surpris de me déconnecter des habitudes inutiles comme les réseaux sociaux franchement sans grand intérêt en ce moment. La qualité est devenue importante au détriment de la quantité… C’est vrai pour l’information mais aussi pour les relations familiales et amicales. Période de recentrage sur l’essentiel finalement assez joyeuse !
LCV Magazine : Votre regard sur le monde et sur l’humain a-t-il changé ces dernières semaines ?
Laurent Gélis : Mon regard n’a pas changé, il confirme ce que j’ai observé depuis longtemps. La peur gère le monde, elle est centrale dans toutes les décisions qu’un individu prend dans sa vie. Cette peur grandissante de l’autre, de l’étranger, de l’inconnu est à son apogée avec cette épidémie. Je ne me considérais pas comme un humain « normal » avant et je fais aujourd’hui en sorte de ne pas changer. L’aventure, le risque sont pour moi une adrénaline indispensable à mon bonheur. C’est ma priorité même si il va être de plus en plus compliqué d’expliquer ces positions décalées aux amis.
LCV Magazine : Comment occupez-vous vos journées ?
Laurent Gélis : Peinture, peinture, peinture, et peinture depuis 5 semaines. J’ai eu envie de recréer chez moi un nouvel écrin de couleurs pour présenter en septembre ma nouvelle collection de tissus. Philippe de chez Ressources m’a ouvert ses portes clandestinement pour choisir mes couleurs… ma bonne étoile ! Mon appartement est devenu rapidement un chantier immense (trop de moulures, trop de hauteurs !). Je me suis donc épuisé à la tache avec un grand bonheur ! Autre point fort de ce confinement : relancer les collections Robert le Héros avec des sacs et des accessoires de décoration… J’explore ces nouveaux développements avec joie. C’est une marque historique, patrimoniale qui a marqué nos fidèles par son enthousiasme et son originalité. J’ai envie de poursuivre plus que jamais cette aventure !
LCV Magazine : Comment appréhendez vous l’après confinement ?
Laurent Gélis : Je n’aurai pas l’énergie je pense d’écouter la peur en boucle. Je me demande si je ne vais pas prendre une voiture et organiser un road trip. J’adorerais voyager en prenant le temps dans les régions françaises que j’adore ( la Provence, le Pays Basque ) ou bien, soyons fous, dans des pays d’ Europe que je rêve de découvrir (le Montenegro, la Bulgarie, le lac de Come…). L’évasion sera indispensable !
LCV Magazine : Qu’est ce qui vous manque le plus ?
Laurent Gélis : Ma vie d’avant ! Les amis, les dîners, les voyages, les rencontres, les découvertes…. sont indissociables. La construction et la réalisation des rêves ont été stoppées, c’est une situation plus que frustrante si nous ne la retrouvons pas.
LCV Magazine : Où aimeriez vous être à ce moment précis ?
Laurent Gélis : Sans aucune hésitation à Rio, dans mon hôtel à Santa Teresa. Le Brésil c’est un art de vivre léger qui me correspond. La convivialité, la joie à toute épreuve, la nature extravagante… C’est ce que j’aime. Je veux être le premier français à franchir la frontière à l’ouverture !
LCV Magazine : Quels « petits bonheurs » vous aident à tenir ?
Laurent Gélis : Le bonheur de construire des choses, et de conserver une forme de liberté dans un cadre restreint. Je continue à rêver, à m’enthousiasmer même si je sais que la concrétisation risque d’être longue !
Propos recueillis par Carole Schmitz
Fondatrice de LCV Magazine en 2009, la journaliste Karine Dessale a toujours souhaité qu’il soit un “média papier en ligne”, et la nuance veut tout dire. A savoir, un concept revendiqué de pages à manipuler comme nous le ferions avec un journal traditionnel, puis que nous laisserions traîner sur la table du salon, avant de nous y replonger un peu plus tard… Le meilleur compliment s’agissant de LCV ? Le laisser ouvert sur le bureau de son Mac ou de son PC, avec la B-O en fond sonore, qui s’écoule tranquillement…
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