Elle fait partie des étoiles montantes de la jeune génération d’artistes de jazz. Anne Paceo est l’une des têtes d’affiche de la seconde édition du Niort Jazz Festival qui se tient actuellement dans la capitale des Deux-Sèvres. Cette Niortaise d’origine a conquis les nombreux festivaliers qui avaient fait le déplacement pour venir applaudir l’enfant du pays. C’est dans sa loge, après sa performance sur la grande scène du festival, que notre journaliste Camille Sánchez l’a rencontrée pour une interview pleine de douceur et de sincérité.
Vous venez de vous produire dans votre ville natale sur la grande scène du Niort Jazz Festival. Quels sentiments éprouvez-vous ?
J’étais émue de jouer à Niort. C’était émouvant de revenir performer dans la ville où je suis née et où j’ai grandi. J’avais déjà joué il y a quelques années aux Jeudis Niortais mais c’est la première fois que je participe à ce festival de jazz. Je trouve ça vraiment merveilleux. J’ai 37 ans aujourd’hui et je me rends compte que certaines personnes me suivent depuis longtemps même sans savoir que j’étais de Niort à la base. Donc ça fait vraiment plaisir.
Que représente le jazz pour vous ?
Pour moi le jazz est synonyme de liberté. Il y a une grande liberté d’expression dans cette musique. Ne pas avoir de barrière de style ou autre, ça me permet vraiment de pouvoir faire ce que je veux et d’être qui je suis à l’instant présent.
Dans une interview pour le journal Le Monde, vous indiquiez vouloir “sortir le jazz du jazz”. Qu’entendez-vous par cela ?
En fait, dans l’imaginaire des gens, le jazz est une musique vieillotte. Sauf que c’est faux et que ce n’est pas du tout justifié. Quand on évoque le jazz, les gens pensent forcément à Louis Armstrong et Ella Fitzgerald. Soit ils aiment, soit ils n’aiment pas et dans ces cas-là, ils trouvent que le jazz est un truc daté, pas du tout au goût du jour. Mon truc, c’est de montrer aux jeunes que le jazz est une musique très vivante et très moderne. Quand je dis “sortir le jazz du jazz”, je veux dire par là qu’il faut amener des publics plus jeunes, et qui ne sont pas forcément attirés par ce style de musique, à s’y intéresser justement.
Pensez-vous que ce genre de festival permet cela ?
Absolument et c’est super. Le Niort Jazz Festival a une programmation très large où tous les types de jazz sont représentés : les choses plus à l’ancienne, plus modernes et les musiques métissées. Donc oui, c’est une manière d’attirer un autre public vers cette musique.
Comment vous êtes-vous retrouvée dans cet univers musical ?
En fait, rien ne me prédestinait à faire ça. Je faisais partie d’une école musique et un jour, ils cherchaient un batteur de jazz. Je me suis donc proposée et ça a vraiment été un hasard complet. J’ai trouvé dans le jazz, une liberté et une joie qui m’ont tout de suite plu. Pendant longtemps, je connaissais uniquement les légendes du jazz car on travaillait leurs morceaux à l’école de musique.
Au micro de France Musique, vous disiez que “chaque disque est une mise à nu”. Qu’apprend-on de vous dans votre septième album S.H.A.M.A.N.E.S ?
Je pense qu’avec S.H.A.M.A.N.E.S, c’est comme si j’avais enlevé des couches superficielles. J’ai l’impression d’être encore plus juste par rapport à ce que j’ai envie de dire. L’écriture de cet album ne s’est pas faite dans la complexité de trouver des idées. Au moment où je l’ai écrit, toute ma vie était en train de voler en éclats. Donc c’est cette douleur intérieure qui s’est exprimée et les compositions des titres se sont vraiment faites de façon naturelle.
Diriez-vous qu’il s’agit de votre album le plus abouti ?
Je pense que oui. J’aime tous mes disques mais je pense que l’album S.H.A.M.A.N.E.S est celui où je suis allée le plus loin dans la musique, dans le choix des membres du groupe, dans le mixage où j’ai pu faire ce que je voulais, etc. J’ai pu choisir tous les maillons de la chaîne en fait et j’ai pris le temps de le mûrir.
Dans cet album, on retrouve des titres en français, en anglais et en espagnol. Pourquoi ce mélange de langues ?
En fait quand j’écris, j’entends en langue yaourt. Ce sont principalement des phrases en anglais qui me viennent. Pour la chanson “Piel” qui est en espagnol, j’entendais vraiment du yaourt en espagnol. Il y avait toujours des mots et des phrases qui sortaient dans cette langue donc ça ne pouvait pas être autre chose que de l’espagnol.
Ces langues étrangères sont synonymes du voyage, qui est justement l’une des thématiques de votre dernier opus. Qu’est-ce qui vous attire dans ce thème ?
Le voyage est très inspirant. Que ce soit les musiques du monde entier que j’adore, les rencontres, etc. Je trouve que les voyages sont toujours des moments très puissants, très forts, qui nous remuent et nous permettent de vivre des choses folles. Le voyage nourrit l’âme et il m’inspire pour écrire de la musique.
Quel est votre programme pour les semaines à venir ?
Le mois de juillet est très costaud. On va au Nice Jazz Festival, puis Marseille, Marciac, Chamonix, Argenton-sur-Creuse, Langourla, Saint-Jean Cap Ferrat. Et après les concerts du mois d’août, je prends des vacances (rires).
Journaliste plurimédia, Camille Sanchez a un attachement à l’univers de la gastronomie. À l’affût des nouvelles adresses et des tendances food, elle aime vous faire découvrir les produits de nos régions et ses producteurs. Ayant plusieurs cordes à son arc, elle vous propose également des plongées dans les festivals de musique, des focus sur des séries télé et des expositions mais vous invite aussi à découvrir la pelote basque. Une véritable touche-à-tout !
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