Symboles d’immortalité, de puissance, de sacré, de résilience ou de générosité, l’arbre occupe une place centrale dans la culture des Hommes.
Se développant en France, très en vogue aux Etats-Unis, et pratiqué depuis plusieurs décennies au Japon, le bain de forêt se pratique seul, en famille, ou entre acolytes. La sylvothérapie, ou la thérapie par les arbres, aurait des vertus insoupçonnées, tant sur le plan corporel que mental. Un baume pour les personnes très urbanisées qui souhaitent échapper à la technologie.
Qu’est-ce que le bain de forêt ?
Au Japon, pays qui compte le plus de personnes centenaires, des chercheurs ont développé le concept du Shirin-yoku, le bain de forêt. En 1982, le gouvernement nippon a même lancé un programme de santé basée sur cette pratique. Celle-ci consiste à marcher à un rythme lent lors d’une excursion en forêt pendant une courte durée. Pas de jogging ni d’exercice physique, mais simplement une contemplation silencieuse.
Plus qu’une simple balade, cette immersion sylvestre est une forme de de méditation en mouvement, un soin par les arbres.
Quels sont les bienfaits de la sylvothérapie ?
La tranquillité, la beauté des paysages, l’odeur agréable de l’humus mais aussi l’air frais et pur, la forêt est bien plus que ce que l’on pense.
Très pratiqué au Japon, les bienfaits du bain de forêt ont fait l’objet de recherches médicales concernant les effets physiques et psychologiques.
En effet, les arbres ne se contentent pas de filtrer l’air que nous respirons, ils émettent des « huiles » pour les protéger des insectes et des germes. Ces huiles, appelées « phytoncides », aident notre système immunitaire. Les études ont également démontré que les forêts abaissent notre tension artérielle et réduisent le taux de cortisol, l’hormone principale du stress, souvent à l’origine des cancers.
De plus, la pratique du Shirin-yoku aide à lutter contre la dépression tout en boostant notre énergie. Nos capacités cognitives (créativité, concentration et mémoire) sont améliorées de même que la qualité et la quantité de notre sommeil. Tomber dans les bras de Morphée devient ainsi un plaisir dont tout insomniaque rêve.
Une thérapie par les 5 sens ?
Odeurs, couleurs, sons, texture et goût, lors d’une marche en forêt, tous nos sens sont mis à contribution. Prenez donc le temps de ressentir ce qui vous entoure, sans jugement, mais avec une observation bienveillante. Qui sait ce que vous allez découvrir ?
L’odorat : inspirer à plein poumon
Ceux-ci sont des substances volatiles organiques (dont les phytoncides évoqués plus haut) émises par les arbres dont l’odeur varie selon les espèces. Ils ont une action bénéfique sur notre système nerveux parasympathique qui régule toutes nos fonctions de régénération et de détente du corps et qui freine le système nerveux sympathique, celui en charge du réflexe de fuite ou d’attaque.
En bref, les humer l’air pendant un bain de forêt nous détend !
L’ouïe : une douce symphonie
Le silence, ou les sons naturels (chant des oiseaux, eau, bruissement des feuilles) stimulent aussi le système nerveux parasympathique. Alors, enlevez vos écouteurs, éteignez votre haut-parleur ou votre radio et, écoutez.
Vous pouvez même pousser l’expérience en pratiquant l’écoute en pleine conscience, en vous imprégnant des sons qui vous entourent, sans chercher à les nommer, à les commenter ou à les juger.
La vue : voir la vie en vert
Si nous vivons dans une ère très moderne et technologique, il ne faut pas oublier que l’humain a vécu de la recherche de nourriture dans la nature pendant des dizaines de milliers de générations. Cueillette, pêche, chasse, culture, les journées de nos lointains ancêtres se passaient au grand air et souvent en forêt. Le vert était omniprésent et leur permettait de se cacher des dangers et/ou de s’abriter de la pluie et du vent.
C’est ainsi que les couleurs bleues et vertes rassurent notre cerveau et que la douce lumière filtrée par les feuillages nous plonge dans la luminothérapie.
Le toucher : le retour à l’enfance
Écorces des arbres, pierres moussues, frondes de fougères, exercez-vous au toucher en pleine conscience (oui, encore). Est-ce doux ou rugueux ? Sec ou humide ? Chaud ou froid ? Et que ressentez-vous lors de ces contacts ? Cet exercice paraît enfantin, mais il a pour particularité de nous ramener à ce qu’il y a de basique en nous et que nous avons oublié en grandissant.
Le goût : le plaisir de la cueillette
Que votre bain de forêt soit au printemps, à l’été ou à l’automne, il y a toujours des petits coins privilégiés le long des sentiers où vous pourrez cueillir avec plaisir des fraises des bois, des mûres, ail des ours, ou même des champignons pour celles et ceux qui savent les reconnaître.
C’est la pause gourmande, le retour à l’enfance et à la cueillette sauvage de nos ancêtres pas si lointains, mais pas que. Ces petites promenades en forêt constitueront aussi des souvenirs agréables, des bons plans que l’on partage volontiers ou que l’on garde jalousement.
Comment faire un bain de forêt ?
Tout d’abord, et le plus évident, rendez-vous en forêt. Si ce n’est qu’un petit bois, pas de frustration, la balade sera plus courte, mais non moins efficace.
Ensuite, le principe du bain en forêt est simple, on laisse toute distraction technologique de côté et on applique les bases du mouvement slow : prendre le temps et marcher en pleine conscience.
Comment faire ? Concentrez-vous sur votre respiration ventrale et sur le poids de votre corps sur le sol. Si votre esprit batifole, ne vous frustrez pas, c’est normal. L’esprit n’aime pas le vide, surtout si vous êtes très intellectuel et que vous pensez beaucoup. Prenez conscience de ces pensées intempestives, et ramenez votre concentration sur votre respiration, sur les sons, sur votre vision et sur vos pas. Refaites cela autant de fois que nécessaire, dans la bienveillance. Cela deviendra petit à petit, un automatisme agréable.
Le bain de forêt participe au dur exercice du lâcher-prise. Nos vies sont tellement emplies de tâches, de sous-tâches, de réflexions, d’analyses et de réactions que nous ne savons plus profiter de l’instant présent. La pratique de la sylvothérapie a cela de bon, qu’elle nous apporte beaucoup simplement et doucement. Quelle tristesse donc, de voir tous ces hectares de belles forêt brûler chaque été et il y aurait beaucoup à dire et à faire pour que nous en prenions conscience. Alors, comme le dit la comptine de notre enfance, « promenons-nous dans les bois ».
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