Le réalisateur et photographe Emeric Gallego, nous fait redécouvrir dans un court-métrage intitulé Perpétuer les traditions, la pratique de l’excision, aussi appelée mutilation génitale féminine. Dans cette production, on assiste à un dialogue entre deux femmes mutilées et nous permet de comprendre quels impacts psychologique et physique, cette pratique peut engendrer.
Dans son court-métrage Perpétuer les traditions, Emeric Gallego expose au grand jour la pratique de l’excision sur les femmes. Le jeune réalisateur met en avant le point de vue d’une jeune femme traumatisée par l’expérience qu’elle a vécue et les vives souffrances endurées après l’opération. Celle-ci consiste à enlever une partie voire la totalité des organes génitaux externes de la femme, souvent à un jeune âge entre 0 et 15 ans. Rappelons que selon l’OMS, l’excision et toute opération non médicale enlevant un ou tous les organes, est une mutilation génitale féminine.
Si la majorité des excisions se font en Afrique, au Moyen–Orient et en Asie, certaines Européennes, notamment en France, ont été excisées par exemple lors d’un voyage dans leur pays d’origine. Les conséquences de cette opération sont désastreuses pour les femmes, on constate entre autres : des difficultés lors de l’accouchement, un plaisir sexuel diminué voire absent, des infections vulvaires, un traumatisme psychologique, une hémorragie, des douleurs, ou pire encore, la mort. Et si l’excision est une pratique qu’une majorité de personnes condamnent ; pour certaines en revanche, il existe une multitude de raisons qui poussent à cet acte barbare. Il peut s’agir d’une forme d’assurance sur le fait que la future épouse soit bien vierge avant le mariage ; limiter la libidode la femme ; pour des questions religieuses ; pour une inclusionou non de la fille dans la société ; ou tout simplement parce que cela fait partie de “la tradition”.
“J’avais besoin de sensibiliser le public sur l’excision”
Le court-métrage d’Emeric Gallego nous propose un dialogue entre une mère et sa fille aînée sur cette pratique, que va devoir subir sa petite sœur. Une confrontation, qualifiée de véritable “dialogue de sourds” par le réalisateur, qui va réunir deux points de vue totalement différents sur les conséquences physiques et morales de cette opération. Tandis que la jeune femme implore sa mère de ne pas laisser sa sœur subir cette douloureuse excision au nom d’une tradition familiale, celle-ci lui répond calmement que la sœur cadette fera au contraire la fierté de sa famille tout comme elle, mettant en avant cette coutume familiale très controversée.
Cette réalisation évoque à la fois la violence, le traumatisme et la question du consentement de la jeune femme au cœur de la discussion. Emeric Gallego souligne que ce sujet lui tenait à cœur depuis longtemps, particulièrement car il s’agit d’un sujet pour lequel rien n’est vraiment mis en place pour protéger les femmes. C’est suite à une conférence autour de l’excision, qu’il a décidé de mettre en lumière cette question problématique dans un court-métrage. Une décision qui n’a pas, selon ses mots, été évidente. Cependant, le sujet restait important à évoquer, ne serait-ce que pour mettre en évidence les nombreux témoignages “glaçants“ dont il a été témoin au cours de la conférence. “Je me suis rendu compte que c’était peut-être le moment parfait pour en parler, je me suis dit que j’avais besoin de sensibiliser le public sur ce sujet“, ajoute t-il.
Une souffrance physique et psychologique
Emeric Gallego explique que l’excision reste très pratiquée dans certains pays comme l’Indonésie surtout pour la tradition familiale. À l’inverse, dans d’autres pays comme la France, l’excision est considérée comme un crime passible de 10 à 20 ans de prison si la personne est mineure en plus de fortes amendes (jusqu’à 150.000 euros). Très engagé sur des sujets sociaux tels que la précarité ou les violences conjugales, il lui était “nécessaire” d’aborder le problème de l’excision et d’informer le public sur cette question.
Il estime qu’il lui était totalement impossible de montrer directement l’opération dans son court-métrage, à l’inverse du dialogue entre deux femmes, qui était “un choix très pertinent” et certainement “plus subtil”. Le fait que le terme “excision” ne soit jamais prononcé directement dans tout le film, souligne bien la difficulté à mettre des mots sur cette pratique dangereuse et très douloureuse. Le réalisateur confie avoir énormément de “respect pour ces femmes admirables” dont les témoignages l’ont beaucoup choqué. “Je ne pourrais pas me mettre à leur place, ce n’est pas possible. C’est une souffrance physique et psychologique qui va durer pendant longtemps, des années, voire toute la vie”. En plus d’“éveiller les consciences“, Emeric Gallego espère que le court-métrage permettra d’amener les gens à traiter davantage cette problématique.
Article rédigé par Maryne Giboire
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