Passionné par la mer et la navigation, Guy Marchal propose avec Whisper Yacht à Nice, des yachts écologiques pour protéger l’environnement et les fonds marins. Le tout, en conciliant luxe, responsabilité et confort de navigation.
LCV : Comment est née cette idée de vouloir créer un yacht avec des matériaux recyclés et des panneaux solaires ?
Guy Marchal : Techniquement la manière dont fait tourner un moteur électrique, quoi qu’il arrive, sera plus efficace, moins polluante et plus silencieuse qu’un moteur thermique. Et un moteur thermique a une efficacité de l’ordre de 32-35%, versus 95% pour moteur électrique. Fort de ce constat, je me suis dit “Tiens ! Là il y a un truc !”. Ensuite il a surtout fallu savoir comment alimenter le moteur électrique. Notre architecte naval a fait un design très séduisant. Puis j’ai réussi à m’associer avec deux personnes qui sont passionnées par ce projet. C’est comme ça qu’a commencé l’aventure.
Sentez-vous que la clientèle est plus sensible à l’environnement et à la protection de fonds marins ?
Totalement ! Il y a une vraie prise de conscience. C’est pour cela qu’on a cherché à faire un bateau utile et non un “laboratoire”. Avec la recyclabilité des matériaux et l’utilisation de solutions propres et légères pour consommer moins, électricité comprise, cela séduit fortement la clientèle. C’est la même chose qu’un bateau à moteur mais avec une propulsion électrique, même s’il y a quelques compromis à faire par rapport aux styles de navigation. Par exemple, les panneaux solaires sont totalement intégrés dans la structure. On ne la voit presque pas parce qu’on a utilisé des panneaux solaires souples. Cela en fait un bateau très harmonieux.
De quels matériaux recyclés parlez-vous exactement ?
À ce jour, on utilise principalement des matériaux pour les aménagements intérieurs comme les tissus. Ce sont des matériaux qui ressemblent à des cuirs. Pareil pour les moquettes et les planchers. On travaille avec une société qui est en train de faire des études sur les coques. La partie structurelle, c’est un petit peu plus compliqué. De grands navigateurs sont en train de faire le tour du monde avec des solutions. On attend de voir un peu ce qu’il se passe. Mais dans les deux ou trois années à venir, on aura des résines et des fibres qui seront plus recyclables.
Cela veut dire qu’ils auront une durée de vie un peu plus longue qu’un yacht classique ?
Aujourd’hui, un bateau a une durée de vie d’au moins 30 ans. Il existe donc deux moyens d’envisager la recyclabilité des bateaux. Soit on a un bateau avec une durée de vie faible, qui doit être recyclable. Soit on a un bateau avec une durée de vie importante, environ 50 ans voire plus, et à ce moment-là, la recyclabilité est peut-être importante. C’est ce que j’ai toujours fait, mes bateaux sont structurellement très robustes.
En termes de consommation, quelle est la différence avec un yacht classique ?
On la réduit de 90%. Les 10% restants viennent d’un groupe électrogène qui permet, en cas de besoin, de recharger les batteries. Si on est au milieu de la mer, on a un groupe électrogène qui marche avec un carburant et qui recharge les batteries. Par exemple, si on fait une traversée de Nice à la Corse, on va être obligé de faire tourner le groupe électrogène pendant la moitié du temps. Donc forcément, on va consommer.
Quand vous arrivez en Corse, vous pouvez passer la semaine entière et même plus uniquement sur l’électrique. Comment ? Grâce aux panneaux solaires et à la capacité des batteries. Ce système qu’on a conçu, vous donne la liberté d’être 100% écologique quand vous le souhaitez. Mais quand cela est nécessaire, vous avez aussi la possibilité de recharger au milieu de la mer.
Ce marché risque-t-il d’être concurrencé dans un avenir proche ?
On espère ! Plus il y aura de bateaux comme les nôtres, mieux la mer se portera. Plus on aura de gens qui seront sur le marché, et plus ils auront envie d’en acheter. On le voit notamment dans l’automobile. Il y a cinq ans, les gens hésitaient à acheter des Tesla. Donc oui le marché est énorme même si aujourd’hui, c’est une niche, mais demain ce sera le gros du marché car on est entre le bateau à moteur et le bateau à voile.
Je pense que le bateau à moteur thermique va décroître petit à petit, parce qu’il existe une pression environnementale. Il faut que les ports et les marinas acceptent de plus en plus l’alimentation des bateaux électriques. C’est tout un cercle vertueux auquel on souhaite faire partie en tant que précurseur.
Avez-vous déjà reçu beaucoup de commandes ?
À ce jour, comme on démarre, on a trois commandes. Le premier bateau sera monté au salon de Cannes et ça risque de se déclencher. On parle quand même de grosses sommes d’argent donc les gens restent encore un peu prudents. Mais aujourd’hui, on a potentiellement des clients sérieux qui sont prêts à avancer dès qu’ils verront le premier bateau. Je pense qu’on en a entre 8 et 12, ce qui est une belle performance. Dès que le premier sera sur l’eau, et visible partout, on aura des problèmes de production. On sera obligé de trouver d’autres façons de produire.
Journaliste depuis quelques années, Pierre-Alexandre Medart a collaboré avec de nombreux médias : TV5 Monde, Europe 1 ou encore RTL. Passionné par les médias, la culture et le sport automobile, il a à cœur de vous faire découvrir des nouveautés et de parler de ces sujets qu’il affectionne tant.
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