Les Marseillais attendaient avec impatience la date du mercredi 8 mai 2024, qui restera pour eux, gravée dans le marbre. Et lorsque la silhouette du Belem, somptueux voilier trois-mâts français à coque en acier, s’est dessinée hier, à l’entrée du Vieux Port, un flot d’émotion a inondé les sourires de la foule amassée, de chaque côté des quais. Avec la certitude qu’ensemble, ils vivaient alors un moment historique avec l’arrivée de la flamme olympique.
“Plus de 150.000 personnes sur le Vieux Port, le ciel était bleu, et il y avait un vent léger. La fête était belle. Nous sommes fiers d’être Marseillais, lorsque notre ville donne le meilleur d’elle-même”, confie Christophe Madrolle, Président de la Commission Biodiversité, mer et littoral, Parcs Naturels Régionaux en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Amoureux de son territoire, il a filmé avec enthousiasme le moment où le second plus grand voilier de France pénètre dans la cité phocéenne (voir vidéo ci-dessous).
Après une navigation historique de 12 jours d’Athènes à Marseille, avec à son bord la Flamme Olympique de Paris 2024, le trois-mâts a escorté le symbole depuis le 27 avril, avec une couverture médiatique record. De son départ depuis le Port du Pirée, le navire a vogué dans le Golfe de Saronic, puis a emprunté l’étroit et spectaculaire canal de Corinthe reliant la mer Égée à la mer Ionienne.
Normalement en cours de maintenance, le canal de Corinthe a exceptionnellement ouvert dans ce contexte chronométré. Le Belem a ensuite navigué en mer Ionienne, il est passé entre la Sicile et l’Italie, puis les bouches de Bonifacio (situées entre la Corse et la Sardaigne), pour voir enfin les côtes françaises et Marseille.
Jean-Pierre Papin, Soprano, Didier Drogba…
Aujourd’hui, parmi les 189 porteurs de la flamme, des grands noms du football marseillais, comme Basile Boli (premier porteur) ou Jean-Pierre Papin. Des VIP “heureux et fiers” de passer la flamme, réparties des quartiers nord avec les lettres hollywoodiennes de Marseille, avec un départ emblématique à Notre-Dame-de-la-Garde, la bonne mère qui veille sur les marins et sur les Marseillais. Après le palais du Pharo, avant le point d’orgue de cette journée, au Stade Vélodrome, où la flamme sera portée par Soprano. Le sport bien entendu, aux premières loges, avec le footballeur Didier Drogba qui sera le dernier à porter la flamme à Marseille.
Ensuite, la flamme poursuivra son voyage pendant trois mois, traversant toutes les régions de France avant d’arriver à Paris, ville hôte, le 26 juillet prochain, jour de la cérémonie d’ouverture.
La presse nationale a souligné “un sans faute” dans l’orchestration de cet événement olympique inédit, qui donne un ton prometteur aux JO 2024, espérons-le. Quelques anecdotes épinglées lors de la cérémonie, la parade nautique de 1.024 bateaux avec le Belem, un survol de la patrouille de France à couper le souffle, l’allumage par Jul, et une foule extrêmement compacte. Le concert de Soprano et Alonzo, a été retardé à cause d’un mouvement de foule qui ne s’est pas éternisé. L’ambiance était bon enfant, avec des effusion de joie, et un public dansant, sautant tout au long de la soirée. Pas d’incident à signaler.
Aussi, la réputation de la ville de Marseille semble avec cet événement historique, définitivement reléguée au dernier plan. Elle a su tirer son épingle du jeu et saisir cette opportunité, cela même si certains détracteurs ont pu exprimer leur désaccord en terme de programmation musicale, parfois de manière cinglante sur les réseaux sociaux. La municipalité sait que sa cause n’est pas acquise, et que son socle populaire, qui revendique une diversité structurelle, n’est pas fédérateur à l’échelle nationale.
Être marseillais en France, peut être clivant. En ce sens, Christophe Madrolle, demeure pragmatique et lucide, cela même dans l’euphorie de l’instant. Il parle d’un peuple qui avance quoi qu’il advienne : “Être Marseillais aujourd’hui c’est être inquiet, en colère mais optimiste et résilient !”. Quand “un projet rassemble les hommes”. Il ajoute : “Même s’ils ont des rapports différents à la culture. Dans cette ville, il y a des gens qui sont très loin des pratiques culturelles, il y en a qui sont des grands consommateurs. Il ne faut pas se tromper : à Marseille, il y a plus de gens qui vont au théâtre qu’au foot ! C’est une ville où il y a une grande vitalité culturelle.”
Il y a une dizaine d’années déjà, lorsque la ville avait été nommée Capitale européenne de la Culture, le sociologue Jean Viard s’écartait lui aussi des traits grossiers d’une certaine presse caricaturale, qui pointe systématiquement la violence des Calanques à la Canebière. Il commentait sur RFI, l’idée d’un avenir culturel commun, qui n’oppose pas les uns aux autres, en fonction de leur classe socio-professionnelle.
Fondatrice de LCV Magazine en 2009, la journaliste Karine Dessale a toujours souhaité qu’il soit un “média papier en ligne”, et la nuance veut tout dire. A savoir, un concept revendiqué de pages à manipuler comme nous le ferions avec un journal traditionnel, puis que nous laisserions traîner sur la table du salon, avant de nous y replonger un peu plus tard… Le meilleur compliment s’agissant de LCV ? Le laisser ouvert sur le bureau de son Mac ou de son PC, avec la B-O en fond sonore, qui s’écoule tranquillement…