La comédie française d’Artus, Un p’tit truc en plus, cartonne au box-office. Une histoire qui réchauffe le cœur et apporte de la visibilité sur les personnes en situation de handicap et leurs éducateurs. Si la réalisation de ce film n’était pas des plus faciles, le résultat semble en valoir la chandelle.
Un fils et son père en cavale n’ont pas d‘autres solutions que de prendre refuge dans une colonie de vacances pour personnes en situation de handicap. Ils se font passer pour un pensionnaire et son éducateur. Ce quiproquo va les mener à une aventure et à des rencontres qui les changeront pour toujours.
L’acteur et humoriste Artus, dont le nom complet est Victor-Artus Solaro, est l’auteur d’Un p’tit truc en plus, son premier film en tant que réalisateur et scénariste. Il est notamment connu pour avoir joué dans la série Le Bureau des légendes, mais aussi pour sa participation à la septième saison de l’émission Danse avec les stars. L’humoriste sera également en tournée entre fin 2024 et début 2025, pour son one-man-show qui passera dans toute la France. Mais avant de reprendre la route des spectacles, Arthus passe par la case cinéma.
Un film engagé en toute simplicité
Cette comédie mêle humour et émotion avec la découverte d’une amitié inébranlable au sein du petit groupe, mais aussi en mettant en scène de jeunes adultes en situation de handicap, conscients de leur différence mais surtout conscients que les différences importent peu. La spontanéité de ce film est comme un bol d’air frais, il met également en lumière le travail d’éducateur
Le réalisateur a souhaité que le film tourne autour des personnages en situation de handicap plutôt que de les avoir en personnages secondaires, que l’on voit brièvement. Artus a réussi à baser le film sur l’humour, mais avec la nuance subtile qu’on ne rit pas d’eux, mais avec eux.
Le réalisateur est connu pour son engagement. Il est parrain de l’organisation Handicap International mais aussi des Jeux Paralympiques. Lui et Sofian (un des acteurs d’Un p’tit truc en plus) ont d’ailleurs eu l’occasion de porter la flamme Olympique à Montpellier. Pour Artus, c’était un vrai plaisir de réaliser ce film, il explique sur Allociné : “Petit, j’étais très attiré par la fantaisie des personnes porteuses d’un handicap mental, par leur capacité à se décaler : tu peux être sûr qu’ils t’emmènent ailleurs et ça fait du bien. Et puis ils ont souvent cette façon d’exprimer leurs émotions sans filtre.”
Artus a pris la décision d’interpréter le rôle principal, Paulo, le fils en cavale. Dans le casting du film, on retrouve Clovis Cornillac (honoré d’un César pour son rôle dans Mensonges et trahisons et plus si affinités), qui joue le père, mais aussi Alice Belaïdi, mettant en scène une des éducatrices de la colonie. Le défi de ce film, excepté le fait que ce soit le premier d’Artus, a été de diriger une équipe avec onze acteurs en situation de handicap. Le réalisateur a confié avoir fait face à des obstacles.
Un tournage pas si facile que ça
Le tournage a été complexe : 35 jours de tournage, avec les acteurs et l’équipe technique, mais aussi des éducateurs et les parents afin que tout se passe de la meilleure façon possible, cela demande une vraie organisation. Chaque acteur avait une façon spécifique d’être dirigé :“Pour Ludovic, le mieux c’était l’oreillette, mais Arnaud, lui, préférait que je dise sa réplique avant lui, pour qu’il la répète…”, a expliqué Artus à Allociné.
Comme les acteurs n’avaient pas les notions du déroulement d’un plateau de tournage, c’était donc à l’équipe de s’adapter. Artus a également pris la décision de capturer des moments “vrais”, hors tournage, dans le but d’avoir des scènes naturelles et réelles.
Mais, le plus grand obstacle à surmonter, c’est la façon dont le film a été accueilli, ou plutôt refusé. Plusieurs producteurs ont refusé d’accompagner Artus dans son projet, déclarant que “personne ne souhaite voir de handicapés à l’écran”. Si ces réactions étaient inattendues, elles prouvent qu’Artus a eu raison de réaliser un film portant sur ce sujet, afin d’éveiller les consciences.
Une fois le film sorti, les différences de traitement n’ont pas cessé pour autant. L’équipe s’est rendu au Festival de Cannes, mais les acteurs ont également fait face à des difficultés pour être habillés par des grandes marques de prêt-à-porter. L’explication donnée par ces dernières était une rupture de stock, le réalisateur a deviné que c’était plutôt un choix de leur part, considérant probablement inintéressant d’habiller des acteurs en situation de handicap pour le festival. Finalement, le groupe Kering a réagi et contacté Artus, annonçant qu’ils souhaitaient habiller l’équipe. Les acteurs ont donc monté les marches de Cannes vêtus de créations Gucci, Alexander McQueen ou encore Yves-Saint-Laurent.
Un succès inattendu
Si les difficultés étaient nombreuses, elles n’ont pas freiné le succès de ce film qui a pu avoir sa revanche. Il a désormais dépassé le cap des 6 millions de spectateurs en salle, un petit peu plus d’un mois après sa sortie, le 1er mai. C’est le plus gros succès de l’année, dépassant même Dune 2 au box-office. C’est aussi désormais le plus gros succès français depuis la crise du Covid.
Artus a exprimé sa surprise face à la popularité intarissable de son œuvre. Invité sur le plateau de Quotidien, il a expliqué que c’est une façon de “prolonger le plaisir”, puisque l’équipe a l’occasion de se revoir grâce à la promotion du film. La popularité de ce film n’annonce que du bon pour l’ouverture d’esprit dans le milieu du septième art.
Etudiante en journalisme à l’EFJ, Julie Danel Amanou aime se pencher vers des sujets cultures. Elle est prête à vous partager son intérêt pour le cinéma ou encore la musique à travers ses articles.