Dans l’ouvrage Vieux Cons sorti récemment chez FYP, deux auteurs Luc Gwiazdzinski, géographe, et Gilles Rabin, docteur en Économie, se penchent sur leurs souvenirs communs d’une époque révolue. Main dans la main, les yeux certainement humides, ils proposent une vision sensible et personnelle de cette jeunesse des années 70/80, traversée par les cinquantenaires d’aujourd’hui. Un essai qui s’inscrit dans leur démarche intellectuelle habituelle : comprendre les territoires pour mieux faire société.
Le livre Vieux Cons est écrit en cabinet de curiosité, avec une foultitude de détails, d’anecdotes personnelles qui appartiennent aux deux auteurs, de situations où la vie crépite, ordinaire ou sublime. Les tiroirs s’ouvrent, et l’écriture généreuse à huit doigts donne de l’appétit. Entre les lignes on comprend immédiatement la volonté de ces plumes complémentaires, de partager et surtout transmettre, le panorama de leur cinéma mental.
Avec en point de mire, les rencontres qu’un essai, peut forcément provoquer, car il secoue et interroge les idées reçues. Étudiants et enfants y trouveront des “clés de conversation”, ainsi qu’ils le suggèrent en pédagogues, dans un élan de rapprochement avec les générations plus anciennes. Des objets cultes incontournables, qui revivent parfois leur heure de gloire, ainsi le sac US, le téléphone orange, le K-Way ou plus récemment la R5 qui vient d’ailleurs d’être rééditée dans un modèle 100% électrique. Des faits historiques, Munich en 1973, Pompidou, Willy Brant à Varsovie, mais encore des rituels de l’enfance, qui structurent nos existences et sont constitutives de ce que nous sommes, une fois adultes. Les fêtes foraines, les colonies de vacances, et les premières amours. La liste est longue.
Des bulles successives nous mènent du berceau au monde
“Notre rapport à l’enfance est aussi un rapport à l’espace, au territoire que l’on s’approprie par bulles successives qui nous mèneront du berceau au monde”. Cet extrait de l’ouvrage de Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin épingle l’horizon qui s’agrandit lorsque l’on conquiert son environnement au fil des ans , puis se resserre ensuite, pour finalement se contenter de voyages imaginaires, en fin de vie et de parcours. Il soulève aussi la volonté comme moteur, variable d’un individu à l’autre, disponible et vivace, libre de raviver les pépites et conserver l’oeil qui frise, lorsqu’il se porte sur les souvenirs, cela le plus longtemps possible.
Pas d’époque pire que les précédentes, en conclusion, mais des objets et modes dont le charme échappe souvent aux générations suivantes. De l’exotisme à hauteur de femme et d’homme, ou tout autant de sujets à partager avec ceux qui naissent après nous, dans le grand tourbillon de notre terre. Une injonction d’humanité, pour rire ou s’émouvoir du luxe des petites choses, ensemble, et sans autorité. A la hauteur des petites personnes que nous sommes, avec parfois quelques “madeleines” communes, qui font l’épaisseur de nos liens.
Fondatrice de LCV Magazine en 2009, la journaliste Karine Dessale a toujours souhaité qu’il soit un “média papier en ligne”, et la nuance veut tout dire. A savoir, un concept revendiqué de pages à manipuler comme nous le ferions avec un journal traditionnel, puis que nous laisserions traîner sur la table du salon, avant de nous y replonger un peu plus tard… Le meilleur compliment s’agissant de LCV ? Le laisser ouvert sur le bureau de son Mac ou de son PC, avec la B-O en fond sonore, qui s’écoule tranquillement…