Meilleure comédie ou comédie musicale, meilleur film étranger, meilleur second rôle féminin, meilleure chanson, le film Emilia Pérez de Michel Audiard a conquis Hollywood, remportant quatre Golden Globes ce dimanche 5 janvier.
Il a triomphé sur les terres californiennes ! Avec pas moins de quatre Golden Globes remportés ce dimanche 5 janvier, le film Emilia Pérez, réalisé par Jacques Audiard semble avoir conquis le public hollywoodien. Cette comédie musicale atypique, émouvante et décalée dépeint le portrait d’un très violent narco-trafiquant simulant sa mort pour entamer une transition de genre et changer radicalement de vie en devenant Emilia Pérez.
Un film qui fait du bien. Entre casting brillant et inattendu, sujets sociétaux et prise de risque artistiques, que révèle un tel succès sur les problématiques actuelles ?
Les femmes d’Emilia Pérez
« J’ai fait ce film parce que je n’ai jamais eu de sœurs. S’il y avait plus de sœurs, le monde serait meilleur », a déclaré le réalisateur au moment de recevoir le prix du meilleur film étranger. Il en a désormais trois, Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña et Selena Gomez, trois actrices aussi talentueuses qu’inattendues. Elles ont d’ailleurs joué un rôle significatif dans le scénario du film, en incitant Jacques Audiard à certaines remises en question.
Ainsi, les caractéristiques des personnages, comme notamment leur âge, évolue au fil des discussions, comprenant la nécessité que les personnages aient « plus de trente ans » ainsi qu’« une maturité face à la vie ». C’est un élan de fraîcheur que ramènent en réalité ces trois actrices à ce thriller musical rocambolesque qui met à l’honneur des femmes « de tous les jours« .
Lorsque Zoe Saldaña reçoit le Golden Globe du meilleur second rôle féminin, elle le dédie à Selena Gomez et Karla Sofía Gascón, avant de remercier l’assemblée, en larmes, et « de rendre hommage aux femmes d’Emilia Pérez ».
Un renversement jouissif du pouvoir
Ce qui rend ce film si proche des questionnements actuels, ce sont également les messages (pas si) cachés. Entre questionnements sur les identités de genre, renversement du pouvoir et changements radicaux de vie, ce film soulève de nombreux maux des sociétés d’aujourd’hui, avec une relative légèreté libératrice. Comment un narcotrafiquant ultra-violent, à la tête d’un cartel et à la cruauté non dissimulée, choisit-il de se repentir en simulant sa mort ? A-t-il même le droit d’être pardonné pour ses crimes uniquement parce qu’il devient physiquement la femme qu’il a toujours rêvé d’être ou qu’il a toujours été ?
Lorsque Juan Manitas del Monte choisit de mettre à exécution le plan qui l’obsède depuis des années – lui, le chef de cartel ultra-violent qui terrorise la population – de devenir Emilia Pérez, son intégration à la société repose sur deux femmes : son avocate Rita Mauro Castro (Zoe Saldaña) et sa fille Jessi del Monte (Selena Gomez). Dans la violence actuelle, souvent perpétrée par les hommes, faudrait-il être une femme pour ne pas être violent ?
Ce que représente ce film en réalité, c’est l’amour et l’acceptation de soi. Et cette légèreté dans la violence qui fait du bien dans cette « période trouble« . Lorsque Jacques Audiard reçoit le Golden Globe du meilleur film étranger, il le dédie « à tous ceux qui se sentent aujourd’hui inquiétés », qualifiant l’actrice Karla Sofía Gascón de « lumière« . Il en a profité pour appeler à « continuer de se battre et d’espérer en des jours meilleurs ».
Finalement, Emilia Pérez parle à tout le monde car elle ne ment pas (au spectateur en tout cas). Jacques Audiard est bel est bien lancé dans la course aux Oscars. Après Cannes et les Golden Globes, raflera-t-il la statuette tant convoitée ? Pour le savoir, rendez-vous le 3 mars prochain.