Marin confirmé, mais pas seulement, Marc Thiercelin aka « Captain Marck » est un homme multi facettes. Tour à tour chef d’entreprise, conférencier, enseignant ou reporter, il a un parcours très riche et n’est jamais à court d’idées. Tout au long de sa carrière il a parcouru plus de 700.000 kilomètres sur les océans et fait 100 tours du monde… des expériences dont il a tiré énormément d’enseignements tels : le courage, la volonté, la remise en question, le dépassement de soi malgré l’adversité… rien que des choses qui lui auront permis de garder le cap durant la tempête que nous venons de traverser.
Website : marcthiercelin.com
LCV Magazine : Comment allez-vous Marc ?
Marc Thiercelin : Je vais bien… je viens de vous faire une réponse à la Tabarly ! (Rires). Plus sérieusement, oui je vais bien. j’ai profité de cette période pour me remettre plus intensément au sport et faire un petit régime 😉
LCV Magazine : Comment avez-vous vécu votre confinement ?
Marc Thiercelin : En ce qui me concerne, il n’y a pas vraiment eu de grands changements dans mes habitudes. En faisant un parallèle avec le monde de la course, le confinement est une situation que je connais bien, car les bateaux, même s’ils sont très grands de l’extérieur, ne font que 8 ou 9 m2 dans leur partie habitable à l’intérieur, une surface dans laquelle on y vit pendant plusieurs mois jour et nuit. Donc la seule chose qui change c’est l’espace que j’ai dans ma maison. Par ailleurs, dans ma vie de grand voyageur, dès que j’en ai la possibilité, je m’extrais du monde, sans pour autant être asocial rassurez vous, mais après des périodes d’intenses activités j’ai besoin de me remettre dans ma bulle pour me re-énergiser. Ce confinement forcé pourrait donc en ce qui me concerne, être considéré comme une telle période. En revanche je reste hyper connecté. Je lis beaucoup la presse, notamment la presse économique, mais également des écrits philosophiques et d’autres traitant de faits de société. Cela me permet de me nourrir et d’être capable d’apporter des idées intéressantes dans une conversation, car j’aime les débats d’idées !
LCV Magazine : Hors mis l’espace, quelle est la différence entre un « confinement » sur un bateau, et ce que nous avons tous pu vivre ces dernières semaines ?
Marc Thiercelin : Se retrouver « confiné » dans un bateau est un choix, c’est voulu et non subit. Lors de grandes courses en solitaire comme celles que j’ai pu faire, la solitude que je vivais était voulu – et de plus très médiatisée -, ce qui déjà n’est pas forcément le cas de toutes les personnes qui se sont retrouvées seules au cours des semaines passées. En course on est également animé par un but précis. On sait pourquoi on y va ! Et surtout on a une idée précise de l’espace temps. Dans les circonstances actuelles, on peut éventuellement considérer que l’on a un but, toujours d’actualité même si nous abordons le déconfinement, qui est de se protéger et de protéger les autres, mais en dehors de cela nous ne maîtrisons rien et n’avons aucune idée du temps que cela prendra jusqu’à ce que nous soyons réellement tirés d’affaire. Et je pense que pour beaucoup de personnes cela a du être très long. Ce qui change également, c’est que l’on a plus d’espace à terre même dans un lieu restreint, et plus de liberté aussi. Néanmoins mon expérience m’a appris que que les êtres humains ont beaucoup de mal à cohabiter sans qu’il ne se passe rien. Vivre ensemble c’est aussi parvenir à s’oublier soi-même, au lieu de cela, les gens s’abiment dans le travail et ne supportent pas de se retrouver face à eux mêmes.
LCV Magazine : Comment occupiez-vous vos journées ?
Marc Thiercelin : J’ai intensifié le fait de faire du sport. Et de manière plus sérieuse, j’ai travaillé et je travaille encore sur mes conférences à venir, dont une très importante autour des quatre années de voyages que j’ai fait avec Arte à la rencontre des peuples racines. Ainsi qu’une autre sur « Voir plus grand que soi » lié à mon projet de création d’un exo-squelette pour aider les séniors, les handicapés et ceux qui ont eu des accidents de la vie… Cela me prend en général 18h par jour, je n’ai donc pas le temps de m’ennuyer. Sinon, je me suis beaucoup protégé de ce que j’appelle « la mousse », c’est à dire des événements. Je n’ai que peu regardé les infos télévisées car je pense qu’il est important en pareil circonstance de pratiquer la distanciation et pas seulement physique !
LCV Magazine : Etait-il facile pour vous de travailler à distance ?
Marc Thiercelin : Lorsqu’on est pas salarié et que l’on crée sa propre richesse on n’a que peu, voir pas besoin de stimulation extérieure. J’ai toujours été dans l’action et travaillé de là où je pouvais me trouver dans le monde.
LCV Magazine : Quels « petits bonheurs » vous ont aidé « à tenir » au cours de ces 8 semaines ?
Marc Thiercelin : Ne prendre ni le train, ni l’avion… Ce qui ne m’était pas arrivé sur une aussi longue période depuis 4 ans. J’ai également eu le temps de m’adonner à la contemplation – j’adore passer de longs moments à regarder le ciel, les arbres, les animaux-, mais aussi de regarder des films et des documentaires qui je n’avais pas eu le temps de voir… Bref de faire des choses qui nourrissent ma réflexion !
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