Mouton à cinq pattes, fleurs du désert d’Acatama, triangle de Penrose, Willy Karembeu (arrière grand-père de Christian) montré à l’exposition coloniale de 1931… de la rareté à la différence, de la haine à l’admiration, de la peur à l’envie, la singularité est bien plurielle.
Quel est le luxe de l’albatros de Baudelaire « exilé sur le sol au milieu des huées » que « ses ailes de géant empêchent de marcher » ? L’albatros à qui la singularité vaut mépris, moqueries et désagréments ? Paye-t-il le prix du luxe d’être élu, roi de l’azur, prince des nuées ?
Cette singularité est une aspiration à l’élévation mais sûrement pas un luxe. La singularité vécue comme luxe d’être réellement soi dans une société que l’on dit ultra normée traduit l’idée supérieure que l’on a de soi et inverse les rôles en ramenant, l’autre, le « normal » à l’état d’existence superflue.
Le poète est singulier évidemment, mais pas de cette singularité là.
Je n’aime pas l’idée de « se payer le luxe de ». Le luxe de Baudelaire est onirique et se serait faire un contresens que de croire qu’il se payait le luxe d’être un albatros.
Il était exilé, « exilé sur le sol au milieu des huées ». La vrai singularité est l’exil, pas le besoin d’être différent.
Le luxe, le calme et la volupté n’ont de profondeur et ne sont appel à l’élévation que dans le monde utopique de Baudelaire, un monde idéal. Ce n’est pas l’homme qui est idéal, mais le monde que le poète rêve.
Et le poète, nous l’avons vu, est rendu singulier par son exil…
– Alors, la singularité est-elle un luxe ?
– Quelle singularité ?
– Quel luxe ?
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