Hélène fait partie de ces êtres pour lesquels tout semble limpide, et les actes suivent toujours leurs paroles, comme la simplicité d’un trait de fusain s’inscrit sur un Vélin pour l’éternité. Ainsi, elle porte dans son coeur l’oeuvre du peintre Frédéric Brandon, découvert avec Claude Nougaro il y a des années, et décide un beau jour de l’exposer pendant une année entière au sein de sa galerie, en créant 11 expositions dédiées aux différentes périodes de sa peinture. Le pari est osé, et à contre-courant de tant de concepts parisiens, plus éphémères les uns que les autres. Pourtant, elle réfute d’être une “Galeriste”, pour avoir selon elle, tant encore à apprendre, et on la reconnaît bien là. Lucide, discrète, “juste juste”… Alors, au moment où ses murs s’apprêtent à accueillir d’autres artistes, nous réalisons avec elle aujourd’hui un bilan de cette expérience inédite, dans l’univers actuel de l’art contemporain.
LCV Magazine : Après une année d’exposition des œuvres de Frédéric Brandon au sein de votre Galerie, vous êtes-vous préparée à décrocher dans quelques semaines ? Vous allez certainement ressentir un manque après son départ, n’est-ce pas ?
Hélène Nougaro : Je prépare la fin de l’exposition avec Frédéric Brandon en organisant d’autres expositions de Frédéric Brandon dans d’autres lieux, d’autres régions… Le Gers, à Samatan par exemple, en Octobre prochain, à la Mairie du 9ème arrondissent pour la série de la ligne de métro et d’autres lieux à venir qui sont à confirmer. Pas de manque, mais le désir de poursuivre ce travail de fond, il faut se donner du temps.
LCV : Pouvez-vous nous parler de la dernière série que vous affectionnez tout particulièrement il me semble ? Pourquoi vous touche-t-elle autant ?
HN : La dernière série les 38 stations de la ligne 9 du métro parisien, c’est un projet un peu fou, ça me plait cette façon de raconter une histoire. Ce sera le témoignage d’une époque.
LCV : Qu’y-a-t-il de si rare et/ou unique en Frédéric Brandon, qui offre à un galeriste l’opportunité d’organiser 11 expositions sur autant de périodes différentes de son travail ?
HN : Cette idée de proposer un an d’exposition avec les différentes séries, c’est aussi une façon de se démarquer, de prendre le temps nécessaire à la réalisation d’une suite avec un artiste. Je ne suis pas encore une galeriste, ça fait seulement quatre ans et j’apprends à connaître ce monde de l’art. J’aime les artistes, j’aime la peinture mais cela ne suffit pas. Je propose des artistes de qualité, des artistes exigeants avec eux-mêmes, ce n’est pas la facilité. Je ne suis pas à la mode, c’est plus difficile.
LCV : Quelle leçon avez-vous tiré de cette expérience totalement inédite à Paris, et recommenceriez-vous avec un autre artiste ?
HN : Je ne recommencerai pas avec un autre artiste mais je ne dis pas non plus que ça n’arrivera plus jamais ! Qui sait ? L’œuvre de Frédéric Brandon se prêtait à cette expérience, je ne regrette pas du tout mais je pars sur autre chose. Je vais faire des expositions à Toulouse par exemple mais aussi avec des institutions, je cherche, j’avance doucement mais j’avance.
LCV : En quoi la Galerie Hélène Nougaro se distingue-t-elle des autres ? De par sa liberté, peut-être ? Vous semblez détachée de tout enjeu commercial, et entièrement dévouée à vos artistes… Est-ce une réalité ?
HN : Je ne suis pas vraiment libre, il faut servir les artistes, arriver à vraiment les aider à se faire connaitre. L’enjeu commercial, il existe mais ce n’est pas en allant vers la facilité que je m’en sortirai mieux. C’est très compliqué, là encore il faut du temps pour acquérir une crédibilité, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Si on veut gagner rapidement de l’argent, il faut faire autre chose ! En travaillant sérieusement, ça viendra. J’espère. Frédéric Brandon a cette expérience, il m’a toujours prévenu de la difficulté de ce “métier” qui lui aussi a beaucoup changé.
LCV : Qu’avez-vous prévu pour la suite sur 2018 / 2019 ? Pouvez-vous nous en parler ?
HN : En mai, juin et septembre ce sera des photos. Fin mai, une artiste, Kaidin (Monique le Houelleur), qui vit en Côte d’ivoire et qui a suivi les traces d’un poète japonais Matsuo Bashô en faisant de installations, j’exposerai les photos en partenariat avec la Mairie du 5ème arrondissement pendant la Festival Quartier du Livre. En juin, Photographie, Chorégraphie, Calligraphie, trois artistes réunis pour une oeuvre, Maxime Ruiz, 2Flui et Sara Orselli. Fin juin, un peintre, Fifax, pour une exposition d’une semaine ! En septembre, le photos de Marville, le photographe du Baron Haussman avec des vues de Paris avant les travaux et les photos d’aujourd’hui, un aventure que je mène avec Patrice de Moncan qui a racheté ce fond photographique. Une nouvelle expérience pour faire vivre la Galerie, inciter les passants à oser rentrer. Et puis Fronza, un peintre que j’aime beaucoup et qui a déjà exposé deux fois à la galerie. Dans les projets, une collaboration qui m’amènera à travailler différemment mais là aussi, c’est un peu tôt pour en parler.
LCV : Nous avons entendu parler d’un projet de Maison Claude Nougaro à Toulouse, avez-vous été informée ? Y participez-vous et dans quelle mesure ? Si tel est le cas, pouvez-vous nous en parler et de quel projet s’agit-il ?
HN : La Maison Nougaro, c’est un projet mené par Cécile Nougaro, la première fille de Claude Nougaro. Bien évidemment que je suis au courant, quand Cécile est venue vivre en région toulousaine, il y a presque dix ans déjà, c’est moi qui lui ai parlé de ce souhait d’avoir un lieu Nougaro à Toulouse et qui lui ai demandé de s’en occuper. Là aussi il aura fallu du temps mais l’important est que ça existe et que le lieu ait une âme. Son projet est bien expliqué sur le site Maison Nougaro.
Galerie Hélène Nougaro 17 Rue du Petit Pont, 75005 Paris +33(0)6 80 45 32 82.
Fondatrice de LCV Magazine en 2009, la journaliste Karine Dessale a toujours souhaité qu’il soit un “média papier en ligne”, et la nuance veut tout dire. A savoir, un concept revendiqué de pages à manipuler comme nous le ferions avec un journal traditionnel, puis que nous laisserions traîner sur la table du salon, avant de nous y replonger un peu plus tard… Le meilleur compliment s’agissant de LCV ? Le laisser ouvert sur le bureau de son Mac ou de son PC, avec la B-O en fond sonore, qui s’écoule tranquillement…
Discussion about this post