Dans la tourmente de l’épidémie mondiale, les galeristes et leurs artistes ont dû faire preuve d’imagination pour arriver à conserver le lien entre les artistes et les collectionneurs. Depuis 25 ans, le galeriste Olivier Waltman s’intéresse à des talents confirmés comme à des artistes émergents, peintres, sculpteurs, designers, et adeptes de l’art électronique. Il est à la tête de deux galeries, à Paris et à Miami et depuis deux ans la galerie américaine se double d’une résidence d’artiste pour soutenir la création contemporaine.
Quel est votre parcours ?
C’était un rêve d’enfance… mais j’ai fait une formation en école de commerce, puis j’ai travaillé dans le management. Quelques jobs courts, pas très longtemps… mon rêve m’a finalement rattrapé, ma galerie à Paris fête bientôt ses 15 ans et nous sommes à Miami depuis 10 ans ! Historiquement j’ai d’abord une clientèle française, une bonne moitié, parce que, au total, cela fait plus de 20 ans que je suis galeriste à Paris. Et comme, depuis le début, j’ai participé à des évènements à Londres, New York et Miami tous les ans, de manière extrêmement suivie, j’ai développé un public d’amateurs et de collectionneurs dans ces villes-là. La galerie de Miami fait que nous avons maintenant des liens très étroits avec les collectionneurs américains.
Comment gère-t-on une galerie en 2020 ? Qu’est-ce que l’épidémie a changé pour vous ?
Si j’étais trivial je dirais que c’est… l’année de la « démerde » ! Disons, plus élégamment, que cela oblige à réinventer des modèles. Évidemment c’est une situation imprévue, imprévisible, soudaine, violente, dramatique. Même si une partie de notre travail se fait en ligne, il y a un moment où le rapport physique avec une œuvre, sa rencontre en quelque sorte, est indispensable pour l’amateur. Les périodes de crise imposent un effort accru de créativité. Par exemple, nous avons lancé une collection de petits films sur les réseaux sociaux, où chacun de nos artistes se filme dans son atelier, que nous avons envoyés par mail à notre public. Pour garder un lien, même virtuel, entre les artistes et les collectionneurs, mais chacun chez soi. Nous avons aussi organisé une grande vente caritative au profit des soignants. Je suis loin d’être le seul à l’avoir fait et le public a apprécié à chaque fois. Il y a eu beaucoup de retours positifs, saluant l’idée que les galeries déplacent un peu leur rôle et changent de posture pour imaginer une autre manière d’interagir. La presse et les journalistes ont été plutôt sensibles à ce genre de démarche. Le français cynique que je suis vous dirait que cela nous a aussi permis de travailler notre image. Et quand le chiffre n’est pas là, l’image peut se transformer plus tard en chiffre …

Parlez nous du concept des Viewing room ?
Les œuvres restent physiquement à l’atelier de l’artiste. Le public reçoit un lien qui les envoie vers le site de la galerie, où une rubrique est dédiée à cette « room » où sont présentées ses œuvres. Notre première Viewing room est consacrée à l’artiste britannique Jonathan Huxley, qui y a écrit un texte teinté d’humour britannique qui dit en somme « vous ne verrez pas l’exposition en vrai, ce n’est pas recommandé car ce n’est pas bon pour votre santé ! Par contre, nous sommes heureux de vous l’apporter virtuellement »… Beaucoup de galeries ont d’ailleurs commencé cette pratique il y a plusieurs mois. Nous avons un peu tardé parce que je voulais d’abord étudier mon marché, voir ce que donnaient les expériences déjà lancées, d’autant qu’entre les deux périodes de confinement nous avons pu tenir de vraies expos au Grand Palais et puis rue de Richelieu, alors je ne le ressentais pas comme une priorité.
Informations pratiques: Galerie Olivier Waltman, 74 Rue Mazarine, 75006 Paris. Téléphone : 01 43 54 76 14 Site : galeriewaltman.com FB : https://www.facebook.com/galerie.olivierwaltman/ IG : @olivierwaltman Tw : @galeriewaltman YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCrWtdvaGoIhx9b_3GzrAWxA
Interview réalisée par : Timothé Pelletier, Orso Captier, Valentin Champin, Blanche Fortier, Gautier Navarre
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