Ancien rugbyman, figure du service des Sports de Canal+ mais également écrivain et co-scénariste des films de Fabien Onteniente, Philippe Guillard a décidément beaucoup de cordes à son arc. Avec “Le Fils à Jo”, il signe son premier film en tant qu’auteur et réalisateur. Alors, à l’occasion de la sortie du DVD, il se livre pour nous à quelques petites confidences…
Le succès de votre premier film « Le fils à Jo »* en tant que réalisateur est bien plus qu’un succès d’estime puisque vous dépassez le million deux d’entrées ?
Philippe Guillard : Mon premier objectif était de raconter une histoire en espérant que ceux qui iraient la voir, verraient l’histoire que j’ai voulu raconter. Alors bien entendu « faire des entrées » c’est formidable, c’est même énorme d’atteindre un tel score… je dirais simplement que j’ai une chance inouïe et j’en suis conscient !
Qu’est ce que cela change pour vous ?
Honnêtement ? Pas mal de choses… je suis plus serein et soulagé. J’ai toujours travaillé en solitaire, et le fait de faire ce film m’a donné la chance de mener à bien un projet d’équipe dans une ambiance magique.
Votre film est un film d’hommes qui plaît aux femmes. Qu’en pensez-vous ?
Je le sentais pendant le tournage. Il y avait beaucoup de femmes dans l’équipe et elles avaient beaucoup de tendresse pour les personnages. En fait, c’est une histoire d’hommes avec leurs humeurs, leurs sentiments, et puis surtout avec des vrais poils sur la poitrine…
Peu, voire pas de femmes dans votre film. Le monde du rugby est-il hostile aux femmes ? Ou seriez-vous un peu misogyne ?
Ah, je me demandais à quel moment viendrait cette question (sourires)… Il y a deux femmes qui jouent un rôle essentiel dans l’histoire. La mère qui n’est plus là mais dont l’ombre plane à chaque scène du film, et l’Irlandaise qui va quelque peu faire sortir l’ours Jo de sa caverne. En même temps le film s’appelle « Le Fils à Jo » et non « Les Femmes à Jo ».
Vous n’avez pas répondu à ma question : le monde du rugby est-il hostile aux femmes ?
Ah, vous êtes bien une femme, vous… (Rires.) Non, il n’est pas hostile aux femmes. Il y en a même qui disent que le monde du rugby est très ouvert aux femmes entre 1 heure et 5 heures du matin… Bien sûr, ce n’est pas mon avis !
Quelle est la part d’autobiographie dans ce film.
Inconsciemment j’ai sans doute utilise des choses que j’ai vécu avec mon père, à cette différence près que mon père pensait que j’allais devenir joueur de football alors lorsqu’à 14 ans je lui ai dit que je voulais faire du rugby, il m’a boudé pendant deux ans. Mais depuis les choses ont change et aujourd’hui il ne jure plus que par le rugby! Et puis le rugby c’est ma vie depuis près de 30 ans.
Qu’est ce qui vous a poussé à passer derrière la caméra ?
En travaillant pour Canal+, j’ai beaucoup joué avec les caméras, j’ai réalisé pas mal de sketches, j’écrivais, je pensais à la musique, à la manière de monter l’histoire… J’ai également fait des bandes annonces dont certaines ont été récompensées d’ailleurs… Bref, finalement sans m’en rendre compte, j’y pensais, j’en rêvais même, mais j’avais peur. Et lorsqu’on me l’as proposé pour “de vrai” j’ai été tétanisé… Ce fut le début des emmerdes … mais du bonheur aussi !!!
« Faire l’acteur », comme on dit, ne vous a jamais intéressé ?
Non, vraiment pas. Passer des heures à attendre pour dire trois phrases serait un vrai calvaire pour moi. J’ai déjà passé quinze ans de rugby à attendre le ballon sur mon aile, c’est bon.
Dans une interview donnée par Gérard Lanvin, il disait que le cinéma n’a plus de sensibilité. Etes-vous d’accord avec cela ?
Je ne sais pas. Mais c’est vrai que j’entends beaucoup cette phrase : « On ne fait pas de films avec des bons sentiments. » Eh bien moi, j’aime voir ces films-là. Dans Forest Gump, il n’y a que des bons sentiments et c’est un chef-d’œuvre.
Parlons « Luxe, calme & Volupté », que vous inspirent ces trois mots ?
Un très étrange cocktail dont il est assez exceptionnel d’en rassembler les ingrédients. Mais je dirais que la volupté amène le calme et que les deux sont un vrai luxe par les temps qui courent.
Quelle est votre définition du luxe ?
Pour beaucoup c’est un endroit ou un produit beau, rare et cher. C’est d’ailleurs assez souvent le parfait synonyme de ridicule. J’ai rencontré des gens accrocs au luxe à un tel point qu’ils se feraient greffer des valises Vuitton sous les yeux… Je suis très loin de tout cela même si je peux aimer passer un week-end dans un 5 étoiles. Mais franchement, pour moi le luxe, c’est déjà un hôtel Formule 1 quand on ne sait pas où dormir.
Quel est votre luxe?
De faire aujourd’hui ce que je rêvais de faire hier et de pouvoir faire vivre ma famille avec. Ça c’est un vrai luxe.
Quel est le luxe dont vous ne pourriez vous passer ?
La liberté de penser ce que je dis et de dire ce que je pense. Ca n’a pas de prix.
Êtes-vous plutôt calme ou plutôt agité ?
Franchement les deux à la fois. Plutôt très calme mais quand même bien agité à l’intérieur. Un peu secoué même.
Qu’est ce qui pourrait vous faire sortir de vos gonds ?
Qu’on touche à mes enfants… Qu’on touche aux enfants en général d’ailleurs.
Le mot qui vous adouci ?
Tendresse
Un geste pour vous calmer ?
Un sourire
Volupté et sensualité vont-ils de pairs pour vous ?
Bien sûr ! La sensualité amène forcément de la volupté.
Que vous inspire le plaisir des sens ?
Un besoin vital. Un produit de première nécessité comme l’eau, l’air et les cacahuètes…
Pensez vous qu’il faille pousser sa volupté jusqu’à la douleur pour être sur de l’avoir goûtée toute entière ?
Non, je n’aime pas faire mal alors du coup je n’aime pas la douleur. La volupté, ça doit rester voluptueux.
Honoré de Balzac disait : “La volupté, comme une fleur rare, demande les soins de la culture la plus ingénieuse”. Qu’en pensez-vous ;
Je crois savoir que Balzac est un grand romantique, qu’il a épousé une comtesse après lui avoir fait la cour pendant dix sept ans, le mec lâche rien ! En même temps tout ça, ce sont des phrases d’écrivains qui ne sont pas faciles à appliquer tous les jours. On dit ça de l’amour aussi, qu’il faut le cultiver au quotidien. Mais la vraie question qu’il faut se poser, c’est : que serait devenu le couple de Blanche Neige si son Prince Charmant était obligé de se lever tous les matins à 3h pour aller livrer du poisson à Rungis, histoire de gagner un peu de tune pour faire manger les sept nains et payer le loyer de la petite cabane au milieu de la forêt?? Je ne suis pas sûr que le soir, il ait eu le temps de cultiver la volupté, le Prince Charmant.
A voir
« Le Fils à Jo »
De Philippe Guillard, avec Gérard Lanvin, Olivier Marchal, Vincent Moscato, Jérémie Duvall, Karina Lombard…
DVD en vente depuis le 17 mai
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