Créé en 1890 par Joseph Opinel, le couteau éponyme n’a rien perdu de sa popularité bien au contraire, il est aujourd’hui une icône du design. Tout débute en Savoie. Joseph Opinel n’a que 18 ans lorsque contre l’avis de son père il invente le petit couteau de poche. Le succès de sa création ne tardera pas à dépasser ses espérances et sa grande réussite sera de parvenir rapidement à une production en grande série. En 1897, la gamme compte 12 tailles de couteaux. En 1909, la marque Opinel est déposée avec pour emblème “la main couronnée” du duché de Savoie, présente sur toutes les lames. Mais sa célèbre bague de sécurité ((Virobloc®) )ne date que de 1955 et sera modifiée à l’aube de l’an 2000 pour permettre le blocage de la lame même lorsque celle-ci est repliée. Essentiellement utilisé lors de sa création par les bergers, les agriculteurs ou encore les cheminots, ce petit couteau de poche à la lame redoutable est très vite devenu l’outil préféré des scouts et des randonneurs. Mais ils ne sont pas les seuls a avoir été séduit, Picasso l’utilisait pour sculpter et aujourd’hui il n’est pas rare de le retrouver sur les tables de chefs étoilés tels Alain Passard (qui l’offre à ses convives à la fin de leur repas) ou Guy Martin dont les grands-parents étaient voisins et amis de la famille Opinel et pour qui posséder un Opinel est fortement encré dans les traditions de sa région natale. Classé en 1985 parmi les 100 meilleurs designs par le Victoria and Albert museum, exposé au musée d’Art Moderne de New York, l’Opinel est l’une des plus plus grandes stars des couteaux français. Et son label “Made in France” reste pour la marque un atout de vente formidable à l’export. Réputé pour sa qualité et sa simplicité, le célèbre couteau est plus aiguisé que jamais puisqu’il se vend chaque année à plus de 4 millions d’exemplaires à travers le monde (plus de la moitié de ce chiffre est réalisé par le couteau de poche à lame rétractable). Malgré ce succès toujours grandissant, la marque ne se repose pas sur ses acquis. C’est ainsi qu’elle s’est diversifiée dans le couteau de cuisine et plus généralement les arts de la table, mais également les outils de bricolage et de jardinage.
« Pour un Savoyard, sentir un couteau Opinel dans sa poche est rassurant »
Guy Martin
DANS LES SECRETS DE FABRICATION
Une fois le bois du manche déterminé, il va être façonné dans l’une des 9 machines que compte l’usine avant d’être saisis un par un par un robot qui crée d’abord un trou dans lequel le pied de la lame se logera. Une seconde machine taille au millimètre près la forme de l’Opinel. Un troisième robot crée une fente sur le manche qui logera la lame repliée. Puis un appareil brosse la lame pour lui donner un touché lisse. C’est désormais au couteliers d’entrer en scène et de faire des lames au tranchant irréprochable. Par paquet, les lames sont brossées par une pierre abrasive et sous arrosage, seule technique capable de modifier la forme du métal. Une meule inclinée au millimètre prêt façonne le haut de la lame. Au bout de deux minutes elle a un aspect brillant, débarrassée de toutes les aspérités du métal brut. Et est prête à être trempées dans un liquide anti-oxydant. Vient alors l’étape décisive, le meulage. Là encore, c’est un robot qui mène cette opération essentielle dont dépend la qualité du tranchant et la solidité de la lame. Puis, rincées à l’eau sans calcaire, séchées à l’air froid puis à l’air chaud, les lames sont prêtes. Sur les chaînes de montage, le manche et la lame sont emboités à la main. Les deux éléments sont séparés par une petite pièce métallique découpée dans des feuillards d’acier doux autour de laquelle la lame pivote pour rentrer dans le manche. Ensuite les couteaux sont marqués d’une main couronnée. En bout de chaîne, un ouvrier aiguise le couteau avant que celui-ci ne soit huilé. Dernière étape avant l’emballage, le contrôle qualité afin de vérifier la correcte ouverture.
POUR LA PETITE HISTOIRE Créé pour partager avec le plus grand nombre les temps forts de la marque, le musée Opinel ouvre ses portes en 1989 à l’initiative de Jacques Opinel, petit neveu du fondateur. Situé à Saint Jean de Maurienne dans le bâtiment historique construit en 1932 par Jean Opinel, c’est là qu’étaient fabriqués couteaux et outils jusqu’en 1973. Agrandi au fil du temps, le musée accueille aujourd’hui plus de 50.000 visiteurs par an venant découvrir expositions permanentes et temporaires.
25 Rue Jean Jaurès, 73300 Saint-Jean-de-Maurienne / +33 (0) 479 640 478
Journaliste au sein des plus grandes rédactions de la presse féminine française, Carole Schmitz dresse pour LCV Magazine des portraits de personnalités inaccessibles (designers, artistes, comédiens…) et propose des informations exclusives.
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