Le talent d’une équipe ne suffit pas à porter un projet, car on le sait, personne ne maîtrise la recette d’un succès. Maintenant, lorsqu’on s’entoure de Pierre Lemaitre pour l’écriture d’une série d’après son roman Cadres noirs et d’un réalisateur tel que Ziad Doueiri (L’insulte, Baron noir), on prend forcément peu de risque d’échouer dans la quête de l’excellence. Dérapages suit le parcours d’un homme, magnifiquement incarné par Éric Cantona, écrabouillé dans l’étau de sa vie personnelle et professionnelle. Il sera d’ailleurs prêt à tout pour sortir de l’impasse. Le thriller oppose le héros à Alex Lutz (Guy), Suzanne Clément (Vampires, Mommy) et Gustave Kervern (Effacer l’historique). Épisode après épisode, on s’attache au personnage du cadre, élimé par l’échec d’une vie rêvée, et le désamour au sein d’un couple qui périclite…
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Alain Delambre, ancien DRH, est au chômage depuis six ans et forcément embourbé dans une précarité qui n’évolue pas dans la bonne direction. Il s’enfonce de plus en plus, même s’il maintient le cap et reste à l’affut de chaque opportunité qui pourrait le sortir de là. Il accepte visiblement n’importe quel boulot, mission, job pour gagner un peu d’argent. Mais un jour, son supérieur le malmène alors qu’il travaille en tant que manutentionnaire. C’en est trop. Il ne se laissera pas faire. Une altercation provoque un licenciement, si l’on peut dire. Il est congédié et c’est une descente aux enfers qui s’enclenche, malgré le soutien de sa femme Nicole. Lorsqu’un cabinet de recrutement le contacte pour un poste de DRH au sein d’une société du CAC 40, il hésite un peu, surpris de l’intérêt qu’ils expriment pour un senior tel que lui, mais se jette finalement dans la gueule du loup. Derrière ce mystérieux cabinet officie Alexandre Dormant (Alex Lutz), PDG d’Exxya, une multinationale en difficulté qui prépare un projet étonnant…
Éric Cantona campe un rôle poreux à merveille, violent et poétique. Il s’installe en vérité dans un contexte socialement hostile pour son personnage, et nous convainc qu’il lui est totalement familier. Sous-tendu par l’écriture tempétueuse de Pierre Lemaitre (prix Goncourt pour Au revoir là-haut), et de la scénariste Perrine Margaine qui sertit l’adaptation de son texte dans une version optimale. Le rythme est donné et l’intrigue sous tension. On le suit pas à pas, on s’engouffre derrière lui, collé à ses talons pour ne pas le perdre. On compatit. Alex Lutz est tout autant glaçant qu’humain. Un beau mélange pour une potion efficace et particulièrement crédible. Pas étonnant s’agissant de ce dernier qui a su à de nombreuses reprises démontrer l’intelligence de sa mélodie intérieure. Autre coup de coeur non dissimulé pour un second rôle (parmi tant d’autres sublimes ici) : Gustave Kervern, l’ami dont les liens passent avant tout le reste, et l’élan sacrificiel qui peut à un certain moment sonner comme une évidence. Une pâte tendre, un trait de lumière. Incroyable lui aussi.
Dérapages peut être regardé sur NETFLIX
La série est également disponible en VOD-DVD sur Arte.TV
Une série réalisée par Ziad Doueiri
Scénario et dialogues : Pierre Lemaitre ; adaptation : Perrine Margaine
Librement inspirée du roman Cadres noirs de Pierre Lemaitre (Éditions Calmann-Lévy)
Avec : Éric Cantona, Suzanne Clément, Alex Lutz, Gustave Kervern,
Alice de Lencquesaing, Louise Coldefy
Produite par Gilles De Verdière
Coproduction : ARTE France, Mandarin Télévision
(France, 2019, 6×52’)
Fondatrice de LCV Magazine en 2009, la journaliste Karine Dessale a toujours souhaité qu’il soit un “média papier en ligne”, et la nuance veut tout dire. A savoir, un concept revendiqué de pages à manipuler comme nous le ferions avec un journal traditionnel, puis que nous laisserions traîner sur la table du salon, avant de nous y replonger un peu plus tard… Le meilleur compliment s’agissant de LCV ? Le laisser ouvert sur le bureau de son Mac ou de son PC, avec la B-O en fond sonore, qui s’écoule tranquillement…
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