Le “Super Bowl Halftime Show”, véritable attraction planétaire, a lieu tous les ans lors de la mi-temps de la finale de la NFL, la Ligue de Football Américain, et il n’existe pas d’équivalent sur terre à un tel événement de pop-culture. Depuis les années 1990, de nombreuses stars américaines se succèdent pour y proposer leurs meilleurs tubes dans un show hors du commun. Aujourd’hui perçu comme le couronnement d’une carrière installée, il a notamment assuré par Michael Jackson, U2, The Rolling Stones, Nelly, Madonna ou encore plus récemment, The Weekend.
Cependant, plus qu’un concert de 15 minutes ayant lieu en février, les prestations des artistes, ou rien n’est laissé au hasard, témoignent le plus souvent du climat politique et social des États-Unis. Dans cette situation de pandémie mondiale où la culture est à l’arrêt, nous voulions vous faire revivre ces événements spectaculaires et revivre l’ambiance des concerts. Retour sur les 5 dernières éditions d’un événement international devenu culte.
Lady Gaga
En 2017, c’est Lady Gaga qui a enflammé le NRG stadium de Houston en offrant au public un show énergique et déjanté. Dans un contexte tendu d’élection présidentielle et de division du pays, la performance de la chanteuse a mis l’accent sur le vivre ensemble et l’acceptation de tous. Comment ? Par le choix de ses chansons, et la fameuse “Born This Way” par exemple, mais aussi par sa manière d’énoncer le serment d’allégeance américain et d’appuyer sur la fin de la phrase, le fameux “Justice for all”.
Une prestation énergique, une entrée fracassante en sautant du toit du stade tenue par deux câbles avec à l’arrière, un drapeau américain redessiné dans le ciel par des milliers d’étoiles colorées; la “Mother Monster” a rendu la tâche difficile à ceux qui voudront faire plus spectaculaire. Des paillettes aux feux d’artifices jusqu’au parcours de l’artiste sur scène, qui n’a fait que courir et sauter, on serait presque fatigué à sa place. Un show sur mesure pour une artiste flamboyante et choquante.
Justin Timberlake
Un an plus tard, en 2018, c’est Justin Timberlake qui a assuré le show de la mi-temps, pour un résultat… moins époustouflant. Le chanteur de RnB, idole des années 2000-2010, n’a fait ni cabriole, ni saut dans le vide, ni sprint enragé sur la scène mais a délivré une prestation tout en contrôle, d’une neutralité étonnante. Les audiences ont d’ailleurs confirmé cette baisse d’engouement, et ont chuté de huit millions de téléspectateurs (l’audience de 2017 avait atteint les 111 millions).
Pour ceux qui les aiment, les chorégraphies type “clip de RnB” ont été omniprésentes, sacrifiant la folie et la créativité attendue d’un show dont c’est habituellement le point fort. Si les deux équipes de football ont assisté a la performance, il est peu probable que la deuxième mi-temps ait été reluisante… En somme, un show sans trop d’émotions, ni de messages forts.
Maroon 5
Avant tout, ce show est un show par défaut. Pourquoi ? Parce que les organisateurs du Super Bowl ont d’abord voulu faire venir Jay-Z, Beyoncé, Cardi B et même Rihanna, sans succès. Et pour cause. Ces stars ont décidé de boycotter cette édition 2019 en réponse au traitement accordé à Colin Kaepernick, joueur de football américain s’agenouillant lors de l’hymne national en soutien au mouvement Black Lives Matter, qui a été banni des terrains puis lâché par la NFL pour son geste. La performance de Maroon 5 n’a pas été reluisante, et cela même avec la venue de Travis Scott, Big Boi et Gladys Knight. L’idée de faire apparaître de nulle part une chorale de gospel n’a pas forcément tiré la prestation vers le haut… Bien au contraire. Car si c’est pour leur laisser si peu de place, on devine presque la stratégie de récupération d’une organisation aux abois ayant voulu se racheter de l’affaire Kaepernick…
Un spectacle sans aucune surprise, ni aucune folie, et alors qu’on aurait pu penser qu’un Travis Scott en forme réveillerait le stade, il a délivré une piètre performance sous une voix frêle et des notes douteuses. Lui, LE “showman” du rap. Rien à retirer de ce show, sinon une sacrée morale: qui boycotte finira bien par se faire boycotter.
Shakira et Jennifer Lopez
En 2020, l’ambiance était tout autre quand les deux artistes latinos ont enflammé la scène du Hard Rock Stadium. L’une couleur “or”, l’autre en “argent”, dans une performance très “girly”. Elles étaient déchaînées et bien décidées à honorer leur présence pour délivrer un message fort, représentant les latino-américains avec fougue.
Si Shakira a presque eu l’air sobre, et plus en maîtrise que son amie américaine, Jennifer Lopez n’a pas hésité à revendiquer son appartenance à Porto Rico, comme un pied de nez à Donald Trump, en brandissant les couleurs de son île d’origine, négligée par le président lors de la tragédie de l’ouragan Maria en 2017. Sur un fond de Bruce Springsteen, et son légendaire “Born In The USA”, interprêté par sa fille, « J. Lo » a soudainement rendu ce show plus politique qu’il n’y paraissait… Ce qui a presque fait oublier le surplus de paillettes, et le peu de tissu de leurs tenues respectives. Cette prestation n’a pas plu à tout le monde, mais elle a eu le mérite d’être engagée et pleine d’énergie.
Cette édition 2019 a même connu le buzz avant le jour J grâce à la femme du footballeur barcelonnais Gérard Piqué. En partageant les coulisses de ses répétitions, Shakira a vu une de ses chorégraphies devenir un véritable challenge sur les réseaux sociaux. Sous le #champetachallenge, des centaines de milliers de personnes du monde entier ont partagé leurs vidéos de cette danse rythmée afro-colombienne. D’une petite fille de 4 ans, à un groupe de danseurs professionnels, en passant par des amis et des parents avec enfants, tous se sont passés le mot pour s’amuser et apprendre à danser comme la star colombienne. Véritable phénomène, les téléspectateurs attendaient avec impatience sa prestation en live et ont continué de partager leurs exploits les jours suivants le show.
The Weekend
Cette année, le chanteur de Toronto a proposé une véritable expérience immersive aux 25.000 spectateurs du Raymond James Stadium (qui n’a accueilli qu’un tiers de sa capacité de public à cause de la pandémie). Son show en “mode covid” a été d’une précision diabolique, et c’est d’ailleurs une ambiance de film d’horreur qui a été mise à l’honneur, en référence au thème de son album. Les fans de Michael Jackson ont pu se croire à certains moments dans le clip de ” Thriller”.
Avec 7 millions d’euros dépensés par l’artiste de sa propre poche pour la réalisation du show, la performance n’a pas été plus statique que certains, mais assurément la plus chirurgicale. Encore une fois c’est le cas de le dire, car les centaines de figurants du spectacle ont repris le “coup de com” de l’artiste de Toronto, et son faux masque fait de bandages après une supposée chirurgie plastique. En pleine maîtrise de sa voix et de son corps, il a été bien aidé par l’apport immense de la scénographie, et l’illusion était troublante. Un show réussi sans trop de prises de risques pour un artiste toujours plus confirmé.
Article réalisé par Antoine Alran
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