Ambiance crépusculaire voire nocturne, atmosphère de solitude voire d’échec, bande son silencieuse voire sourde, tout de l’univers de Gregory Crewdson concourt à cultiver le mystère, l’inquiétude, l’angoisse. Ses tableaux photographiques jouent de cette corde sensible.
Crewdson compte parmi cette nouvelle génération de photographes de mises en scène, lui-même professeur de photographie. Avec un père psychanalyste, il est initié très tôt au langage des maux, c’est certainement pour cela qu’il s’intéresse plus précisément au champ psychologique. Inspiré par la peinture (Edward Hopper), par le cinéma (Hitchcock) ou par d’autres photographes (Walker Evans), il crée des scènes sorties tout droit de son imagination. Ses références nous séduisent presque naturellement, sans accroc. Il plante un décor tel un cinéaste, raconte une histoire tel un écrivain et laisse la lumière interpréter sa création. Chacun peut s’y reconnaître Extérieur ou intérieur, l’œil du spectateur scrute, va de détail en détail, vagabonde et se laisse prendre dans les abysses de l’âme, les méandres de la pensée .
Gregory Crewdson use d’une palette sombre, presque monochrome comme pour mieux plonger le visiteur dans ses mises en scène mentales qu’il compose en grand format. Un peu trop grand ? A moins que l’auteur ne souhaite justement garder saisissable l’aspect technique. Car les photographies picturales de Crewdson se tournent et se produisent comme un film et nécessite une minutieuse post-production. Chaque zone de l’image est photographiée séparément, puis l’image globale est recomposée de telle sorte qu’il n’y a plus de profondeur de champ. S’agit-il alors de photographie imitant la peinture ou de peinture imitant la photographie ? C’est troublant et attirant, mais un peu moins de perfection élargirait notre horizon et nous laisserait davantage d’espoir…
Photographie couleur numérique / 145 x 224 cm Edition : 6 + 2 EA (épreuves d’artistes) Galerie Daniel Templon, Paris. White Cube, London. Gagosian Gallery et Luhring Augustine Gallery, USA.
Fondatrice de LCV Magazine en 2009, la journaliste Karine Dessale a toujours souhaité qu’il soit un “média papier en ligne”, et la nuance veut tout dire. A savoir, un concept revendiqué de pages à manipuler comme nous le ferions avec un journal traditionnel, puis que nous laisserions traîner sur la table du salon, avant de nous y replonger un peu plus tard… Le meilleur compliment s’agissant de LCV ? Le laisser ouvert sur le bureau de son Mac ou de son PC, avec la B-O en fond sonore, qui s’écoule tranquillement…
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