“(…) informer, c’est lutter, résister, combattre. Sans préjugés ni partis pris. Sans répit non plus. Il en va de la paix sociale et, sans aucun doute, de la paix du monde.”, ainsi Éric Fottorino, flamboyant éditeur devant l’éternel et non moins directeur de la publication prolifique de l’hebdomadaire “Le Un”, boucle ce qui semble être son dernier édito de l’année. Que dire de mieux ? Que dire de plus ? Dans cette prolifération d’attaques vis à vis des médias et des journalistes, devenus des cibles si faciles, catharsis de l’opinion publique qui soulage peut-être ici ses peines, ses frustrations et ses autres démons…
Attention toutefois à ne pas dépasser cette ligne invisible que constitue la vérité, et se tirer une balle dans le pied. Car si par définition, nous journalistes scrutons avec intérêt, respect, empathie, toutes les classes, toutes les conditions, toutes les gammes “mineures” ou “majeures” de nos sociétés, et que nous trouvons donc totalement légitime que la population se dresse et crie sa colère, tout simplement parce qu’elle est parvenue au seuil de l’acceptable, et qu’après elle ne pourra plus rien encaisser. Il ne faut pas perdre de vue que l’information doit être “bien traitée” au sens littéral du terme, étudiée par des professionnels que nous sommes, avec une méthodologie, un quadrillage, une mise en perspective, un recoupement systématique des éléments, une confrontation, une convocation des avis, différents et contradictoires. Et lorsque l’on entend – entre autres -, (j’en parle parce qu’il demeure l’exemple le plus caractéristique de cette tendance actuelle) le président Donald Trump aka POTUS, relier en quelques mots d’un champ lexical restreint, notre métier à la production de Fake News, nous ne pouvons pas laisser faire et plus que cela, nous ne devons pas accepter la confusion parce qu’elle pourrait prendre de l’ampleur et aboutir à une paranoïa généralisée. On y est presque. Et donc si nous laissons faire, et que ses injonctions – comme celles d’autres en France et ailleurs – glissent sur nous comme sur une toile perlée, si nous ne les contredisons pas sérieusement et fermement, alors nous devenons complices du contexte qui tisse les mailles de son filet tout autour de nous. Rappelons en l’espèce que notre métier du journalisme est l’un des derniers bastions de la protection de nos humanités, et qu’il est largement piétiné, plus que jamais en 2018, cela dans la majorité des pays sur la carte du monde (Cf. Cartographie RSF ici : https://rsf.org/fr/classement).
Aussi, en cette nouvelle année qui nous tend les bras, merci Éric Fottorino de rappeler l’essentiel, thank you to ring the right bell, n’oublions pas de faire front, serrons nous les coudes, ensemble, et refusons toutes les confusions, quelles qu’elles soient, appliquons la tolérance zéro. Non, les journalistes ne fabriquent pas de fake news, ce n’est pas vrai. Il n’y a dans notre démarche, jamais l’intention de nuire, la volonté d’égarer, de mentir à la “cible”, comme on la nomme en marketing. Jamais. C’est même tout le contraire. Nous sommes des passeurs. Nous cherchons, nous trouvons, nous relayons. Nous ne transformons pas, ce n’est pas l’objectif de notre travail. Certains, moins scrupuleux de notre déontologie bidouillent un brin le réel, peut-être. Profil bas. Nous commettons forcément des inexactitudes, professionnelles ou personnelles, des maladresses, cela doit advenir, mais rien de plus. Des dommages collatéraux anecdotiques face à la la masse de ce que nous écrivons, réalisons, et commentons d’un bout à l’autre de la planète. Rappelons que les journalistes sont des êtres humains ! Mais jamais nous ne générerons (autre mot à la mode) de Fake news, non ! Jamais. Fin de la discussion. Ce n’est pas vrai. Et j’irai même plus loin. Les Fake news n’ont rien à voir avec ce à quoi nous, journalistes, dédions notre vie entière, produisons chaque jour qui passe, il s’agit là même d’une injonction paradoxale, d’un concept antinomique, d’une tentative de déstabilisation et de renversement de notre profession, d’un paradigme qui nous est étranger, mais là Potus, je vous ai certainement perdu, j’ai dépassé votre quota des 200 mots assimilés depuis l’enfance. Que dire alors ? Bonne année 2019, Mister Potus ! Et tant qu’il y aura des sapins, des boules et des guirlandes sur la photo, c’est que tout ira bien. Isn’t it ?
Fondatrice de LCV Magazine en 2009, la journaliste Karine Dessale a toujours souhaité qu’il soit un “média papier en ligne”, et la nuance veut tout dire. A savoir, un concept revendiqué de pages à manipuler comme nous le ferions avec un journal traditionnel, puis que nous laisserions traîner sur la table du salon, avant de nous y replonger un peu plus tard… Le meilleur compliment s’agissant de LCV ? Le laisser ouvert sur le bureau de son Mac ou de son PC, avec la B-O en fond sonore, qui s’écoule tranquillement…
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