À Angoulême, la gastronomie et la bande dessinée se répondent et se mélangent, dans une exposition à voir pendant les vacances estivales. D’Astérix à Popeye, en passant par Gaston Lagaffe, la presse et les grands chefs, il y en a pour tous les goûts.
L’été a pointé le bout de son nez. Pour beaucoup de Français, la période estivale est synonyme de vacances. Si certains d’entre eux décident de se ressourcer à l’étranger, d’autres préfèrent explorer les quatre coins de la France. Et quand on part en famille, il est important de réfléchir à des activités qui pourraient plaire aux enfants. Cela tombe bien car nous avons trouvé une exposition qui va plaire à tout le monde.
C’est dans la ville d’Angoulême, en Charente, qu’il faut se rendre. Depuis le début de l’année, la Cité internationale de la bande dessinée propose une nouvelle exposition qui met l’eau à la bouche. Son nom ? “Croquez ! La bd met les pieds dans le plat”.
Comprendre l’évolution de la gastronomie
Pour la première fois sur 1.000m2 d’espace, plus de 500 dessins, planches et documents d’une centaine d’auteurs sont exposés. Des planches qui n’ont jamais été présentées au public et que les auteurs ou leurs héritiers, ont accepté de prêter. Cette exposition, on la doit à Mathieu Charrier (Cité de la BD) et à Marine Bidaud (ex-Fooding). Les deux commissaires d’exposition ont souhaité explorer les nombreux liens qui unissent la gastronomie et la bande dessinée depuis sa création. “Il n’y a que le dessin qui arrive à aller dans quelque chose de sensible”, informent les commissaires, lors de l’inauguration de l’exposition, à laquelle nous avons assistée en janvier dernier.
Un voyage sensible au cours duquel la nourriture s’érige peu à peu en témoin et révélateur des évolutions de la société, voire des excès d’une époque. Mais avant de découvrir tout ça, les visiteurs sont invités à participer à un jeu. Juste devant l’entrée de l’exposition, un mur de produits est présenté. Chacun doit être associé à un personnage de bande dessinée. Une entrée en matière ludique, qui plaît autant aux enfants qu’aux adultes, heureux de se replonger dans leurs souvenirs d’enfance.
De Astérix à Mafalda, en passant par la presse
Une fois dans les salles d’exposition, les visiteurs sont invités à revivre les grands banquets d’Astérix où le sanglier coule à flot, en ayant dans la tête la chanson « Quand l’appétit va, tout va ». On (re)découvre également Gaston Lagaffe et son emblématique morue aux fraises chantilly, les Schtroumpfs et leur salsepareille, les épinards qui donnent de la force à Popeye ou encore la soupe que refuse de manger la petite Mafalda. Si les personnages traditionnels sont bien présents, l’exposition met également en avant des créations plus récentes. On pense notamment aux auteurs Etienne Davodeau, Aurélia Aurita, Brecht Evens, Jiro Taniguchi ou encore Guillaume Long.
L’ensemble de ces dessins côtoient également les planches des magazines de presse qui, eux aussi, arrivent à évoquer l’évolution sociétale. On peut donc retrouver des dessins des unes de la presse satirique comme Charlie Hebdo ou Fluide Glacial, mais aussi de la presse spécialisée comme Le Fooding ou le New Yorker. Au fil de la visite, les préparations de nos personnages préférés se transforment en une cuisine moins copieuse, plus fine, parfois à base de végétal ou inspirée de cultures étrangères. Une évolution très représentative de notre société et de notre rapport à la gastronomie. Un travail dessiné qui parle “d’humanité”, comme le confiait Marine Bidaud pendant la présentation de l’exposition.
Les grands chefs se dessinent
Dans la dernière partie de l’exposition, on trouve une nouvelle tendance qui s’impose depuis déjà quelques années. Certains auteurs de romans graphiques, les bandes dessinées romanesques, entrent dans les cuisines de grands chefs ou de grands restaurants pour retracer ce qui s’y passe. C’est le cas par exemple de Christophe Blain qui s’est associé au chef de L’Arpège Alain Passard. La rencontre de ce duo a donné naissance à En cuisine avec Alain Passard, sorti en 2015 aux éditions Gallimard.
Autre chef qui s’est vu figure de proue d’une bande dessinée, Yves Camdeborde, l’un des chefs de file de la cuisine dite “bistronomique”. Présent lors de la visite officielle de l’exposition, ce dernier est revenu sur Frères de terroirs – Carnets de croqueurs, écrit avec Jacques Ferrandez. Pendant deux ans, et 31 week-ends, le duo est parti à la rencontre des producteurs favoris du chef étoilé, des pêcheurs de brochet, des chasseurs de truffes ou encore des vignerons présents aux quatre coins de la France. Lors de la visite, Yves Camdeborde explique que leur volonté était de “mettre en avant les producteurs” et “leur rendre hommage par la bande dessinée”. “Je pense que si je suis cuisinier aujourd’hui, c’est grâce à tous les artisans de France qui nous apportent tous les jours le fruit de leur travail”, confie-t-il. Un travail qui a beaucoup plu au chef, “satisfait de l’aboutissement de la bande dessinée”.
Une belle exposition à ne surtout pas perdre ! Et pour l’anecdote, l’affiche a été dessinée par l’artiste britannique Posy Simmonds, qui s’est vu décerner le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2024.