Elle est de celles dont le silence vaut plus qu’un manifeste. Sarah Burton, ancienne directrice artistique d’Alexander McQueen et héritière d’une certaine idée du tailoring narratif, rejoint pour la première fois le jury du très convoité Prix LVMH pour les Jeunes Créateurs de Mode, dont la finale aura lieu le 3 septembre 2025 à la Fondation Louis Vuitton.
Cette entrée n’a rien d’anodin. Elle signe l’alliance de la transmission artisanale et d’une modernité sobre, précise, presque chuchotée. C’est aussi un signal fort envoyé à la nouvelle génération : la radicalité n’exclut ni la rigueur, ni l’élégance.
Un jury haute couture
Pour cette 12ᵉ édition, le jury se compose de figures fondatrices du style contemporain et de piliers du groupe LVMH. Aux côtés de Sarah Burton siègeront :
- Phoebe Philo, à la tête de sa marque éponyme soutenue par LVMH.
- Marc Jacobs, éternel enfant terrible devenu sage.
- Nicolas Ghesquière (Louis Vuitton Femme), l’architecte du volume.
- Jonathan Anderson, touche-à-tout génial (Loewe).
- Silvia Venturini Fendi, artisanale et futuriste.
- Stella McCartney, pionnière de la mode éthique.
- Nigo (Kenzo), visionnaire pop.
- Pharrell Williams, directeur artistique de Louis Vuitton Homme.
Le jury est présidé par Delphine Arnault, à l’origine du Prix, accompagnée de Jean-Paul Claverie et Sidney Toledano, conseillers de Bernard Arnault. Un aréopage qui mêle puissance créative, stratégie et culture du groupe.

Givenchy : une nomination déjà historique
L’arrivée de Sarah Burton chez Givenchy n’est pas uniquement symbolique. Reconnue pour son travail au sein d’Alexander McQueen (1997–2023), Sarah Burton a repris les rênes de Givenchy dès septembre 2024. En mars 2025, elle a présenté sa première collection — une réinterprétation minimaliste et structurée de l’héritage de la maison, saluée pour sa sobriété technique et son ancrage dans les codes historiques . Parmi les célébrités, la Princesse de Galles a porté un modèle Givenchy signé Burton lors d’un dîner d’État à Windsor, un marqueur diplomatique fort.
Huit finalistes, une vision de demain
Les huit maisons sélectionnées cette année incarnent une mode mondialisée, identitaire et parfois radicale. Issues de cinq pays, elles défendent un rapport singulier au vêtement, entre mémoire, expérimentation et durabilité :
- Alainpaul (France) – volumes puissants, architecture textile.
- All-In (USA/Norvège) – sensibilité queer et mode de nuit.
- Francesco Murano (Italie) – baroque futuriste.
- Soshiotsuki (Japon) – introspection nippone.
- Steve O Smith (UK) – esprit britannique déconstruit.
- Tolu Coker (UK) – engagement, diversité et héritage.
- Torishéju (UK) – ancrage africain, concept narratif.
- Zomer (Pays-Bas) – sensualité éco-consciente.
Trois prix pour écrire l’avenir
- Grand Prix LVMH : 400 000 € et un accompagnement personnalisé pendant un an.
- Prix Karl Lagerfeld : 200 000 € et mentorat LVMH.
- Prix du Savoir-Faire : 200 000 €, en hommage à la technique, l’artisanat et la durabilité.
En parallèle, trois jeunes diplômé·e·s de mode seront récompensé·e·s par une bourse de 10 000 € et une intégration dans une Maison du groupe. De quoi sceller les premières pierres d’une carrière d’exception.
Un prix, un manifeste
Depuis sa création en 2013, le Prix LVMH est bien plus qu’un concours : c’est une déclaration d’intention. Soutenir les talents émergents, certes, mais aussi façonner une mode consciente, respectueuse, audacieuse. Un luxe qui ne s’affiche pas seulement, mais se transmet.
L’entrée de Sarah Burton dans ce cercle fermé est l’illustration parfaite de cette philosophie : silencieuse, exigeante, visionnaire. À sa manière, elle rappelle que le luxe n’est jamais tapageur – il est dans la coupe, le geste, le sens.

